DENDROCLIMATOLOGIE

Dans les régions à climat saisonnier contrasté, les espèces ligneuses pérennes, dont les arbres, génèrent annuellement une couche de bois « anneau » ou « cerne » de croissance qui participe à leur accroissement en diamètre. L'épaisseur d'un cerne est la résultante d'un ensemble de facteurs intrinsèques (spécifiques et géométriques) et extrinsèques (écologiques : substrat, sol, exposition, conditions météorologiques-climatiques, et accessoirement anthropiques) intervenus lors de la mise en place de ce cerne. La relation entre l'épaisseur d'un cerne et les composantes connues du climat que sont les précipitations et les températures mesurées (compte tenu, lorsqu'elle peut être estimée, de l'influence des facteurs intrinsèques) intéresse la dendroclimatologie. Est aussi dendroclimatologie, du fait même de la relation cerne-climat, la démarche, inverse de la précédente, qui consiste à reconstituer le climat passé inconnu à partir des arbres, c'est-à-dire à partir des variations de l'épaisseur des cernes de leur bois. La constitution de longues séquences de cernes dites « chronologies maîtresses » susceptibles d'alimenter ce type d'analyse fait l'objet de la dendrochronologie ; chacune d'elles est constituée à partir d'arbres vivants et de restes de bois d'arbres de même espèce, manufacturés ou non. Grâce à l'existence d'une chronologie maîtresse de pins, la correspondance entre dates ¹⁴C et dates réelles est maintenant établie pour les six derniers millénaires. Étant donné que la constitution de longues séquences ininterrompues de cernes repose sur l'existence de variations de même type de l'épaisseur des cernes du bois d'arbres contemporains d'une même région, que ces variations, communes à plusieurs arbres, ne peuvent êtres dues qu'au facteur commun, suffisamment généralisé, qu'est le climat, ce dernier se trouve être à la fois d'une part la base de la dendrochronologie, d'autre part l'objet de la dendroclimatologie.

Dendrochronologie et dendroclimatologie ont pris leur essor et se sont développées au cours de la première moitié de ce siècle dans les régions semi-arides de l'ouest des États-Unis d'Amérique. Actuellement, elles intéressent à peu près tous les pays du monde, et elles sont bien développées en Europe et en ex-U.R.S.S. À l'ère des ordinateurs, la plupart des calculs auxquels fait appel la dendroclimatologie, calculs d'autant plus sophistiqués que l'on s'adresse à des régions à climat peu contrasté, ne sont plus un obstacle au développement d'une telle science ni à la reconstitution à l'année, voire au mois près, des composantes du climat (températures surtout pour l'instant) des siècles passés.

— Françoise SERRE-BACHET