DENGUE (VACCIN CONTRE LE VIRUS DE LA)
La dengue, encore appelée grippe tropicale, est une maladie à vecteurs. Son agent pathogène, un virus de la famille des flavivirus comme celui de la fièvre jaune, est transmis lors d’une piqûre qui accompagne le repas de sang d’un moustique du genre Aedes – A. aegypti ou A. albopictus (moustique tigre) selon les zones géographiques. L’expansion progressive des aires de distribution des insectes vecteurs a rendu la dengue, d’origine tropicale (Asie du Sud-Est), aussi ubiquitaire que son vecteur, donc potentiellement pandémique. La progression de la maladie a été spectaculaire au cours des vingt dernières années. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que 350 millions de personnes sont atteintes de dengue chaque année. La maladie se présente sous deux aspects principaux. La dengue classique se manifeste par une forte fièvre, des douleurs articulaires, des maux de tête, troubles auxquels succèdent, après trois ou quatre jours, des hémorragies cutanées et conjonctivales. La maladie disparaît en une semaine environ. Cette forme nécessite le plus souvent un arrêt d’activité, éventuellement une hospitalisation de brève durée, mais n’est pas considérée comme grave. Cependant, chez environ 1 p. 100 des malades, soit trois ou quatre millions de malades, et pour des raisons inconnues, la dengue évolue vers une forme hémorragique, qui emporte entre 10 et 20 p. 100 des malades.
De la nécessité d’un vaccin contre la dengue
Il n’existe pas de traitement de la maladie autre que symptomatique. De ce fait, la question d’un vaccin se pose en particulier depuis que la dengue a commencé à progresser, au début des années 2000, hors de son territoire initial de l’Asie du Sud-Est, vers l’Amérique du Sud et les Antilles. D’une manière classique en gestion de la santé, lorsqu’une épidémie d’une maladie en général bénigne frappe un pays où le décompte des journées de travail perdues et celui du montant des soins sont budgétisés, la prévention vaccinale devient un enjeu collectif prioritaire. La pression économique, plus que la gravité de la maladie pour certaines personnes, devient alors déterminante pour justifier l’investissement très lourd que constitue la mise au point d’un vaccin, suivi de l’évaluation de son efficacité au sein des populations. Concernant la dengue, cette situation s’est mise en place précisément dès le début des années 2000 en Amérique du Sud puis dans la zone Mexique-Caraïbes. Dans ce contexte, plusieurs « candidats » vaccins, dont celui produit par la société Sanofi sous le nom de Dengvaxia®, ont été mis au point en particulier à partir de 2005. Lorsque le rapport coût/efficacité devient satisfaisant, les États peuvent engager des essais vaccinaux à un niveau populationnel et assurer leur suivi en termes de couverture vaccinale, d’autant que l’évaluation de l’efficacité ne peut se faire que sur les populations humaines en l’absence de modèle animal : c’est ce choix qui a été fait par plusieurs États, en Amérique latine (Mexique) et en Asie (Philippines) en 2015, choix qui en même temps soulage l’ industrie pharmaceutique d’une partie des coûts engagés dans la mise au point du vaccin. La plupart des essais vaccinaux en cours ont fait l’objet d’un accord entre la société Sanofi et ces États. La suite de cet article les concernera exclusivement.
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Écrit par
- Gabriel GACHELIN : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur
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