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DENGUE (VACCIN CONTRE LE VIRUS DE LA)

Quatre vaccins contre la dengue en un seul

Il existe quatre variants du virus de la dengue, appelés DEN-1 à 4. La protection vaccinale contre l’un d’entre eux ne protège pas significativement contre les trois autres. Le vaccin doit donc être tétravalent. Comme des vaccins efficaces contre d’autres flavivirus (fièvre jaune, encéphalite japonaise) existent, on pouvait s’attendre à ce que la mise au point du vaccin contre la dengue en soit facilitée. Il n’en est rien, et cela pour deux raisons principales. La première est que la forme grave de la maladie apparaît 20 à 80 fois plus fréquemment lors d’une seconde infection par un variant différent de celui actif dans la première. La seconde raison est liée à ce que l’on appelle le « péché originel » des vaccinations. Lorsqu’un sujet a été efficacement protégé contre un variant, l’exposition à un autre variant se traduira par une réponse accélérée contre le premier et pas contre le second. Cette différence s’atténue avec le temps, mais l’efficacité vaccinale globale s’en ressent.

C’est donc dans un contexte biologique difficile et qui exigera encore de nombreuses recherches fondamentales que le laboratoire Sanofi a mis au point le vaccin tétravalent contre la dengue en cours d’essai. Il utilise un virus atténué de la fièvre jaune, chez lequel les gènes codant pour des protéines d’enveloppe de la fièvre jaune sont remplacés par les quatre gènes codant pour les protéines d’enveloppe des quatre variants du virus de la dengue. Il s’agit d’un vaccin vivant : le virus inoffensif infecte des cellules et induit la réponse immunitaire protectrice. Les virus vaccinaux produits sont donc chimériques pour les quatre variants. Les essais de toxicité de phase I ont montré en 2013 et 2014 l’innocuité du vaccin. Les essais de phase II en 2014 ont montré une excellente production d’ anticorps et de cellules T tueuses spécifiques chez 95 à 100 p. 100 des sujets. Les essais de phase III, destinés à apprécier l’efficacité sur un grand nombre de personnes, ont été en revanche plus décevants : l’efficacité varie de 50 à 80 p. 100 et fluctue passablement d’un pays ou d’une région géographique à une autre. Le vaccin semble curieusement mieux protéger contre les formes graves que contre les formes bénignes et, de toute manière, il diminue les temps d’hospitalisation. Sur le plan d’une politique collective de santé, il est donc globalement efficace, même si cette efficacité est loin d’être forte.

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Écrit par

  • : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur

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