DENGUE (VACCIN CONTRE LE VIRUS DE LA)

Un arrêt des vaccinations de masse

Il est alors rapidement apparu que l’efficacité avait été surévaluée et que les résultats n’avaient pas été suffisamment analysés au moment de la décision de lancement de campagnes vaccinales.

Plusieurs données contribuent à faire douter de la possibilité de généraliser la vaccination contre la dengue, du moins avec ce vaccin dans son état actuel. La publication en mars 2017 du fait que la réponse en anticorps contre le virus de la dengue exacerbait le pouvoir pathogène du virus Zika pèse sur le bien-fondé de la vaccination en zone de coendémicité des virus. Mais, surtout, depuis octobre 2017, des données statistiques issues de la vaccination menée aux Philippines ont confirmé que des taux intermédiaires d’anticorps contre le virus (qui apparaissent en début de vaccination et qui persistent après), s’ils protègent bien contre la souche vaccinale, peuvent être responsables de l’évolution possible d’une infection ultérieure par d’autres sérotypes viraux, vers des formes graves voire mortelles de la maladie, dengue hémorragique et syndrome de choc. Les anticorps facilitent en effet la pénétration des virus des autres sérotypes dans les cellules (antibody-dependent-enhancement, ADE). Enfin, on a noté, en décembre 2017, aux Philippines, au moins trois cas de décès d’enfants, et plusieurs dizaines de cas de dengue sévère, en conséquence directe de la vaccination elle-même. L’analyse statistique est difficile à réaliser sur la base de ces données préliminaires. Quoi qu’il en soit, les vaccinations ont été arrêtées et celles prévues au Mexique suspendues sine die. Plusieurs millions de doses de vaccin ont été détruites. En l’état, l’OMS recommande de ne vacciner que les enfants de plus de neuf ans et seulement dans les régions où l’incidence de la dengue est très élevée.