DENGUE
La biologie du virus de la dengue
La dengue et les formes graves de la maladie sont liées aux caractéristiques biologiques du virus. Le virus est un membre du genre flavivirus, qui inclut les virus West Nile, de l'encéphalite japonaise, de l'encéphalite à tiques et de la fièvre jaune, tous responsables de maladies humaines mortelles. Le virion est une particule sphérique enveloppée, d'environ 50 nm de diamètre. Elle est constituée à sa surface des protéines de structure M et E associées à des lipides d'origine membranaire, et, à l’intérieur, par la capside C qui enchâsse le génome viral, lequel est une molécule d'ARN de polarité positive d'environ 11 000 nucléotides. La protéine E reconnaît le récepteur cellulaire au virus, ce qui va initier l'internalisation de la particule virale dans le cytoplasme.
Le génome viral code les protéines C/M/E puis les protéines NS1 à NS5 qui vont assurer, d'une part, la réplication de l'ARN viral, et, d'autre part, le contrôle de la réponse immunitaire antivirale de l'hôte. Le cycle réplicatif du virus dans les cellules dure en moyenne vingt-quatre heures. La particule virale est assemblée dans les membranes intracellulaires et est transportée dans la voie de sécrétion de la cellule, où elle acquiert son pouvoir infectieux juste avant son relargage hors de la cellule. Si l'infection des cellules d'insectes demeure sans effet, celle des cellules de vertébrés aboutit rapidement à leur mort.
Chez l'individu infecté par le virus de la dengue, les cellules spécialisées telles que les monocytes, les macrophages et les dendritiques sont considérées comme des cibles privilégiés. Le virus inoculé à la suite d’une piqûre du moustique est capable d'interagir avec les cellules dendritiques et les kératinocytes de la peau. Leur infection stimule la réponse immunitaire innée antivirale. Une fois passée la barrière cutanée, les macrophages et les cellules dendritiques circulantes sont capables d'assurer la propagation du virus. Leur implication directe dans le déclenchement de la maladie est admise mais leur rôle exact demande à être clarifié : il est remarquable que les cellules cibles de l'infection soient en même temps des cellules clés de la réponse immunitaire.
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Écrit par
- Philippe DESPRÈS : docteur d'Université en sciences, chef de laboratoire, responsable de l'unité Interactions moléculaires Flavirus-Hôtes de l'Institut Pasteur, Paris
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