Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

DENIER, monnaie

Denier romain - crédits : A. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

Denier romain

Nom d'une monnaie (denarius nummus) que l'on retrouve de l'époque romaine à la fin de l'Ancien Régime, avec une valeur extrêmement variable, tantôt comme espèce monétaire véritable, tantôt comme simple monnaie de compte.

Dans les premiers siècles de son histoire, Rome s'était servie de monnaies étrangères, surtout grecques, ou avait frappé des monnaies à l'imitation de celles-ci. Le denier apparut, suivant Pline, en l'an de Rome 485 (~ 269), à l'époque où l'on inaugurait, pour le bronze, le système de l'as triental. Le denier est une monnaie d'argent de la valeur de dix as, dont le type est une copie de la drachme attique. Au droit, elle porte une tête de femme, coiffée du casque de Persée, au revers les Dioscures, chevauchant, la lance en arrêt, leur bonnet conique surmonté des étoiles symboliques du matin et du soir, avec pour légende le mot « Roma ». Le denier pesait à l'origine 4,55 g d'argent, à la taille de 72 à la livre romaine : c'était le poids de la drachme attique. En ~ 217, le denier fut ramené à la taille de 84 à la livre, soit 3,90 g environ par denier : il devait conserver cette valeur jusqu'à la fin de la République.

Les deniers de la République connurent un grand succès, favorisé par leur bon aloi et par l'extension des conquêtes romaines. Il y eut des contrefaçons en divers pays, notamment en Gaule et en Espagne. César rendit au denier, un temps altéré par la fabrication de deniers « fourrés » (feuille d'argent sur âme de cuivre), sa pureté primitive, et en modifia le type, en s'arrogeant le droit d'effigie.

Néron fixa une nouvelle valeur du denier avec une taille de 96 à la livre au lieu de 84 ; il diminua ainsi son poids, mais le denier restait de bon aloi avec une teneur de 98 à 99 p. 100 de métal fin. Ce ne fut qu'après le règne de Néron que le denier, dont le poids restait toujours fixé à 3,40 g, comporta de moins en moins d'argent fin.

En 215, Caracalla fit frapper l'argenteus Antoninianus, qui eut un succès comparable à celui qu'avait eu le denier. L'antoninianus avait à l'origine une valeur double du denier, et ne tarda pas à accélérer la dépréciation de celui-ci qui finit par devenir une simple monnaie de compte.

L'état déplorable de la monnaie romaine amena la réforme de Dioclétien, qui fixa de nouveau la taille du denier à 96 à la livre. Les nouveaux deniers qu'on appelait centonales pesaient 3,40 g environ. On les frappa sans interruption de 292 à 360. Après cette date, malgré quelques tentatives de réforme, la valeur du denier tend à s'effondrer ; le denarius n'est que la plus petite monnaie de compte : en 419, il est dit qu'une livre de lard vaut 50 deniers. Cassiodore évalue le sou d'or à 6 000 deniers. D'autres textes indiquent qu'il fallait 21 deniers pour faire un follis de cuivre monnayé.

Les deniers de la République avaient été extrêmement répandus et recherchés par les peuples de la Germanie, c'est ce qui explique qu'au moment des Grandes Invasions le mot « denier » ait été le plus couramment répandu pour désigner toute pièce d'argent. Le système d'équivalence entre sou d'or et denier est extrêmement variable. Pour la loi salique, le sou d'or vaut 40 deniers : de quelles pièces précises s'agit-il ? Suivant Marc Bloch, il faut y voir une simple monnaie de compte, réminiscence du denier romain, mais n'ayant pas plus de réalité que le sou d'or n'en avait.

Au contraire, les lois des Francs Ripuaires et des Alamans attribuent au sou d'or la valeur de 12 deniers : c'est celle qui sera reprise par la réforme carolingienne, au terme de laquelle on instaure le système suivant : 1 livre = 20 sous = 240 deniers. Charlemagne prescrivit de tailler 240[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : archiviste-paléographe, bibliothécaire à la bibliothèque historique de la Ville de Paris

Classification

Média

Denier romain - crédits : A. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

Denier romain

Autres références

  • DENIER ROMAIN

    • Écrit par
    • 222 mots
    • 1 média

    Le denier romain fut, après la drachme grecque, la monnaie qui domina le monde ancien, plus particulièrement dans les régions méditerranéennes. La ville aux sept collines put alors, à la suite de cette réforme monétaire, imposer son numéraire à tous les peuples soumis.

    Cette pièce d'argent...

  • BILLON

    • Écrit par
    • 702 mots

    Terme qui désigne les monnaies de métal vil, ou de métal précieux dont le titre est très fortement altéré. Les monnaies de billon ne doivent leur pouvoir libératoire qu'à la confiance du public et leur valeur intrinsèque est toujours très inférieure à leur valeur nominale. Le terme est le plus...

  • CELTES

    • Écrit par , et
    • 15 826 mots
    • 5 médias
    ...peuples voisins suivent le même étalon et ont parfois des types monétaires apparentés. C'est le cas notamment en Gaule centrale, dans que l'on appelle la « zone du denier », parce que, dans la seconde moitié du iie siècle, les principaux peuples y remplacent leur système ancien fondé sur l'étalon-or...
  • COMPTE MONNAIE DE

    • Écrit par
    • 1 083 mots

    Complètement tombé en désuétude de nos jours, le système de la monnaie de compte est la base de la pratique monétaire médiévale ; déjà esquissé à l'époque des grandes invasions, il s'est prolongé jusqu'à la réforme monétaire de la Révolution française. Dans ce système, les deux fonctions...

  • ÉCU D'ARGENT

    • Écrit par
    • 376 mots

    En octobre 1580, pour répondre aux besoins que créait le compte par écu, remplaçant le compte par livre, on frappa un écu d'argent, valant le quart de l'écu d'or. Cette pièce était au titre de 11 deniers d'argent, à la taille de 25 1/5 au marc, et avait cours pour 15 sols. Le...

  • Afficher les 10 références