PODALYDÈS DENIS (1963- )

Depuis la fin des années 1980, Denis Podalydès est un prodigieux acteur de théâtre et de cinéma : il joue, bien sûr, mais aussi met en scène, écrit des scénarios et des livres. Sociétaire de la Comédie-Française, il excelle dans l'interprétation des plus fameux personnages du répertoire, tout en multipliant les rôles secondaires au cinéma, emporté dans une boulimie de travail que justifie son désir d'incarner le plus grand nombre possible de caractères.

Une vocation d'acteur

Né le 22 avril 1963 à Versailles, Denis Podalydès forme dans son enfance, avec son frère Bruno, un duo qui enchante famille et camarades par les sketches que tous deux écrivent et jouent sans faire de différence entre interprétation et mise en scène. Tandis que Bruno entame des études universitaires d'audiovisuel à Paris-VIII, Denis abandonne rapidement la faculté de lettres pour entrer au cours Florent. À vingt et un ans il est admis au Conservatoire national supérieur d'art dramatique dans les classes de Michel Bouquet et Jean-Pierre Miquel. Sa carrière sur les planches commence dès 1988. Toutefois, à partir du moment où Bruno accède à la mise en scène, Denis tient le rôle principal de ses premiers films – deux moyens-métrages (Versailles-Rivegauche, 1992 ; Voilà, 1994) et deux longs-métrages (Dieu seul me voit [Versailles-Chantiers], 1998 ; Bancs publics [Versailles-Rivedroite], 2009) – où les deux frères peaufinent un personnage, moyennement sympathique mais surtout lunaire et malchanceux, qui va hanter toute la filmographie de Bruno Podalydès. Denis participera même à l'écriture de plusieurs des scénarios de son frère, dont Bancs publics et Adieu Berthe (2012).

En 1997, l’acteur entre à la Comédie-Française dont il devient sociétaire en 2000. Respectant en cela les usages du Français, il se produit avec un bel éclectisme dans des pièces de Tourgueniev, Gogol, Tchekhov, Molière, Musset, Marivaux, Euripide, Sophocle, de Filippo, Feydeau, Labiche, mais aussi Tom Stoppard, dans des mises en scène de Jean-Louis Benoît, Matthias Langhoff, Jacques Lassalle, Jean-Pierre Miquel, Jean-Baptiste Sastre, Ivo Van Hove ou Thomas Ostermeier. Il triomphe notamment en 2009 dans L'Avare (mise en scène de Catherine Hiegel), mais joue aussi dans Fanny et Alexandre d’Ingmar Bergman en 2019 (mise en scène de Julie Deliquet).

Parallèlement, hors de la Comédie-Française, son travail se poursuit au Théâtre de l'Athénée, à l'Odéon et à Chaillot, pour beaucoup d’autres rôles parmi lesquels Richard II de William Shakespeare (mis en scène par Jean-Baptiste Sastre en 2010). Denis Podalydès est aussi un habitué des lectures données au festival d'Avignon. Tout naturellement, il passe à la mise en scène avec Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand, Fantasio d'Alfred de Musset et Lucrèce Borgia de Victor Hugo à la Comédie-Française (respectivement en 2006, 2008 et 2014). On lui doit aussi un Bourgeois gentilhomme de Molière monté fastueusement au Théâtre des Bouffes du Nord (2012). Il crée également quatre pièces d'Emmanuel Bourdieu, auteur de certains films dont il sera l'interprète (Vert Paradis, 2003 ; Intrusions, 2008).

À cette impressionnante présence au théâtre, il faut ajouter, à partir des années 1990, des films signés de cinéastes de renom : Michel Deville, Arnaud Desplechin, Robert Guédiguian, Raoul Ruiz, Bertrand Tavernier, Michael Haneke, Alain Resnais, Roman Polanski, Diane Kurys, Christophe Honoré, Noémie Lvovsky, Cédric Klapisch, Jeanne Herry, Valérie Lemercier, Nicolas Bedos… Il s'agit parfois de rôles courts mais suffisamment intenses pour marquer le spectateur, soit par la place que le personnage occupe dans l'intrigue (dans Camille redouble, de Noémie Lvovsky, sorti en 2012, il incarne le professeur de physique qui rapporte du passé revécu par l'héroïne le précieux[...]