DUVAL DENISE (1921-2016)
Denise Duval ne disposait pas de moyens vocaux exceptionnels. Pourtant, celle que Francis Poulenc qualifiait de « rossignol à larmes » a gagné par la pureté de son timbre, la clarté de son élocution, sa présence dramatique et la finesse de sa sensibilité une place de choix parmi les étoiles de l’art lyrique français.
Denise Duval naît à Paris le 23 octobre 1921. C’est au conservatoire de Bordeaux que la jeune soprano fait ses études musicales. Au Grand-Théâtre de cette ville, elle débute en 1942 sous les traits de Lola (Cavaleriarusticana de Pietro Mascagni). Elle se tourne ensuite, pendant plusieurs années, vers la chanson et le music-hall. C’est dans une revue des Folies Bergère à Paris qu’elle attire en 1944 l’attention de Georges Hirsch – qui lui confie en 1947 le rôle-titre de Madame Butterfly de Giacomo Puccini à l’Opéra-Comique – et surtout celle de Jean Cocteau et de Francis Poulenc. Entre le compositeur et la chanteuse se noue une profonde amitié. Francis Poulenc va lui offrir une véritable trilogie. Denise Duval incarne, lors de sa création parisienne en 1947, le personnage de Thérèse dans l’opéra bouffe LesMamelles de Tirésias, d’après la pièce de théâtre d’Apollinaire, et le reprendra en 1953 à New York. En juin 1957, elle est de la première française – l’œuvre a été jouée quelques mois plus tôt à Milan en version italienne – de Dialogue des Carmélites, d’après Georges Bernanos, où elle chante Blanche de la Force. Elle est l’unique protagoniste, lors de sa création en 1959, de La Voix humaine, tragédie lyrique sur un texte de Jean Cocteau. Francis Poulenc compose également pour elle un cycle de mélodies, La Courte Paille, sur des poèmes de Maurice Carême, et lui dédie en 1961 un mélodrame lyrique, La Dame de Monte-Carlo. Depuis 1958, le musicien français se produit régulièrement avec elle en duo.
Le talent de Denise Duval s’illustre sur les plus grandes scènes internationales. Elle triomphe avec autant de charme que d’aisance à la Scala de Milan, la Fenice de Venise, au San Carlo de Lisbonne, au Théâtre Colón de Buenos Aires ou au Carnegie Hall de New York, dans des ouvrages aussi différents que La Flûte enchantée de Mozart, Oberon de Carl Maria von Weber ou Tosca de Puccini. Le cœur de son répertoire reste cependant l’opéra français : Les Contes d’Hoffmann de Jacques Offenbach, Le Roi malgré lui d’Emmanuel Chabrier, Pelléas et Mélisande de Claude Debussy, L’Heure espagnole de Maurice Ravel, Le Carrosse du Saint-Sacrement d’Henri Busser, ou encore Madame Bovary d’Emmanuel Bondeville. En 1964, elle participe, pour la Radio suisse, à la création de Faits divers, une partition signée Julien-François Zbinden. Une atteinte aux cordes vocales l’amène à interrompre définitivement sa carrière en 1965 et à limiter son activité à quelques cours privés.
Denise Duval ne nous laisse qu’une discographie très réduite, essentiellement consacrée à Francis Poulenc : Les Mamelles de Tirésias sous la direction d’André Cluytens, La Voix humaine sous la baguette de Georges Prêtre et Dialogue des Carmélites où l’équipe de la création française – on y distinguera notamment Régine Crespin, Liliane Berton, Jean Giraudeau, Xavier Depraz, René Bianco et Rita Gorr – est conduite par Pierre Dervaux. En 1970, elle joue pour le cinéaste Dominique Delouche son rôle dans La Voix humaine, illustrant de manière bouleversante la bande-son qu’elle nous en avait laissée. Denise Duval meurt à Bex, près de Lausanne (Suisse) le 25 janvier 2016.
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Écrit par
- Pierre BRETON : musicographe
Classification
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POULENC FRANCIS - (repères chronologiques)
- Écrit par Timothée PICARD
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7 janvier 1899 Francis Jean Marcel Poulenc naît à Paris, dans une famille bourgeoise et fortunée : son père, Émile Poulenc, dirige un laboratoire pharmaceutique, Poulenc Frères, qui fusionnera en 1928 avec la Société chimique des usines du Rhône pour donner naissance à Rhône-Poulenc.
1914-1917...