DENISOVA HOMMES DE ou DÉNISOVIENS
Les Dénisoviens, ou hommes de Denisova, représentent un groupe d'homininés qui a été défini en 2010 grâce à l'étude de l'ADN d’un fragment d’une phalange de la main. Ce vestige osseux (appelé Denisova 3) avait été découvert en 2008 dans une cavité du sud de la Sibérie (Russie), en bordure des montagnes de l'Altaï, appelée grotte de Denisova. Ainsi, pour la première fois dans l'histoire de l'étude de la lignée humaine, un nouveau taxon fossile était mis en évidence à partir de l’analyse d’ADN ancien et non pas d’après des caractères morphologiques.
L’homme de Denisova, contemporain des Néandertaliens(Homo neanderthalensisou Homo sapiensneanderthalensis) et des hommes modernes (Homo sapiens sapiens), mais différent génétiquement, aurait vécu en Eurasie depuis plusieurs centaines de milliers d’années. Peut-on pour autant affirmer que ce « troisième homme », comme on le surnomme parfois, représente une nouvelle espèce ? Son statut fait l’objet de discussions, d’autant plus que des échanges génétiques plus ou moins importants ont été prouvés entre Dénisoviens et Néandertaliens, et entre Dénisoviens et ancêtres de certaines populations humaines actuelles.
Quelques fragments fossiles attribués aux Dénisoviens
Les Dénisoviens découverts dans la grotte de Denisova, définis à partir d’un morceau de phalange distale de la main (Denisova 3), par la suite complété par l’autre extrémité de l’ossement, sont aussi connus par trois dents (Denisova 2, 4 et 8) et un fragment de voûte crânienne (pariétal) de 80 sur 50 millimètres (Denisova 13). Ce dernier fossile, présenté pour la première fois en mars 2019 lors d’un colloque international d’anthropologues à Cleveland (Ohio), provient d’une couche (n° 22) bien plus ancienne que celles (n° 11 et 12) qui ont livré les vestiges précédents. C’est sur la base de l’ADN que ce morceau de crâne, le premier à être découvert dans la grotte de Denisova, a été attribué aux Dénisoviens. À ces cinq vestiges, il faut ajouter un fragment d’os long (Denisova 11), de 24,5 millimètres de longueur et moins de 10 millimètres de largeur, qui serait – toujours selon son ADN – celui d’un métis issu d’un Dénisovien et d’une Néandertalienne. Il s’agit là d’une découverte spectaculaire pour les paléoanthropologues car « identifier » un tel métis était supposé statistiquement presque impossible.
Rappelons que la grotte de Denisova a également livré trois vestiges de Néandertaliens provenant des couches 11 et 12 : une phalange proximale de pied (Denisova 5), une phalange distale de la main (Denisova 9) et un fragment d’os long (Denisova 15).
En 2019, une nouvelle pièce fossile, une hémi-mandibule droite incomplète dénommée Xiahe, provenant de Chine (bordure nord-orientale du plateau tibétain), a été rapportée aux Dénisoviens. Ce serait le premier fossile de ce groupe découvert hors de la grotte de Denisova.
La grotte de Denisova
Située en Russie, à 150 kilomètres au sud de la ville de Barnaul, la grotte de Denisova (ayant pris le nom d’un ermite qui y aurait vécu) est connue depuis les années 1970. Elle a livré, dans trois zones différentes (partie centrale, chambre est et chambre ouest), outre les rares fossiles d’homininés, de nombreuses traces d'occupations historique (outils en bronze et en fer, bijoux, fosse d'entreposage de grains...) et préhistorique (objets archéologiques, vestiges fauniques chassés) remontant à près de 300 000 ans.
Étudiée par une équipe scientifique internationale et fouillée sous l'autorité de la branche sibérienne de l'Académie des sciences de Russie, cette grotte présente, avec ses vingt-deux couches, une stratigraphie complexe. En 2019, deux articles importants ont été publiés par des équipes internationales dans la revue britannique[...]
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Écrit par
- Bruno MAUREILLE : directeur de recherche au CNRS, directeur du département de sciences archéologiques de l'université de Bordeaux
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