DENTS
Situées à l'entrée du tube digestif, les dents constituent des organes très particuliers et hautement différenciés, tant par leur structure histologique très spéciale que par leurs remarquables propriétés mécaniques et physiologiques. En effet, d'un point de vue fonctionnel, on peut définir les dents comme des organes extrêmement durs, destinés à saisir, à retenir et à broyer les aliments.
Toutefois, l'étude détaillée des dents (et des tissus dentaires) révèle qu'elles ont une signification morphologique beaucoup plus générale : une définition purement fonctionnelle des dents inclurait sous ce terme des formations qui en remplissent les fonctions sans en avoir la structure et, réciproquement, une définition uniquement histologique les confondrait avec divers constituants de l'exosquelette (écailles, par exemple) des Vertébrés inférieurs. Pour parvenir à une définition satisfaisante, il est donc indispensable de faire appel à la fois aux critères histologiques et fonctionnels. Afin de comprendre la signification évolutive de ces formations, en apparence si isolées parmi les autres structures organiques, il est nécessaire également de faire appel aux ressources de l'anatomie et de l'histologie comparées, ainsi qu'à la paléontologie.
La conjonction de ces points de vue met en évidence les rapports fondamentaux et constants des tissus dentaires avec la peau et le squelette, rapports peu visibles dans une perspective limitée aux seuls points de vue classiques, notamment l'adaptation des dents au régime alimentaire chez les Mammifères.
Les tissus dentaires
Une dent de Mammifère, comme une écaille placoïde de Sélacien, se forme à partir d'une ébauche mixte, épidermo-dermique. L'ébauche épidermique (d'origine ectodermique) différencie à la périphérie du germe de la dent des cellules spécialisées (adamantoblastes) qui assurent la sécrétion de l'émail, dont les couches se superposent du dedans au dehors (croissance centrifuge).
Recouverte par la précédente, l'ébauche dermique (d'origine mésodermique) différencie des cellules (odontoblastes) qui produisent la dentine (ou ivoire), tissu qui se dépose de dehors en dedans (croissance centripète).
Au centre de la dent, une cavité pulpaire entourée de dentine contient des vaisseaux sanguins et lymphatiques, ainsi qu'une ramification sensitive issue des subdivisions maxillaires ou mandibulaires du trijumeau. Enfin, au voisinage immédiat de la région radiculaire de la dent, le derme fibreux qui l'inclut se modifie et subit une calcification, donnant un tissu paradentaire, le cément.
L' émail que produisent les adamantoblastes, très fortement minéralisé (de 96 à 98 p. 100), forme des couches peu épaisses toujours avasculaires. Les adamantoblastes sont refoulés par la substance extracellulaire qu'ils produisent ; celle-ci est donc anhiste mais peut contenir de fins canalicules. La substance organique extracellulaire est extrêmement réduite et la substance minérale est l'hydroxyapatite. Les cristaux de cette substance sont organisés typiquement en « prismes » de 4 à 6 μm de large et striés longitudinalement.
L'émail des dents de Mammifères peut donc se définir par sa position superficielle (origine épidermique) et sa structure prismatique, mais aucun de ces critères n'est absolument applicable dans tous les cas chez les autres Vertébrés. On peut appeler « tissus adamantins » les tissus durs de certains Vertébrés inférieurs (ganoïne, vitrodentine, durodentine), qui se rapprochent de l'émail mammalien par l'aspect, la position et la composition, mais dont la signification n'est pas toujours clairement établie.
La dentine est un tissu dur minéralisé à 70 p. 100. La portion extracellulaire comprend une trame organique, principalement formée de fibrilles collagènes, et une fraction[...]
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Écrit par
- Armand de RICQLÈS : professeur au Collège de France, chaire de biologie historique et évolutionnisme
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