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DENYS D'HALICARNASSE (Ier s. av. J.-C.)

Venu à Rome vers ~ 30, Denys d'Halicarnasse y réside pendant vingt-deux ans. Il étudie la langue, la littérature et l'histoire romaines. Il enseigne probablement la rhétorique à Rome comme il l'a fait à Halicarnasse. Il est l'ami de membres de la haute aristocratie et, si l'on en juge d'après les tendances reflétées par ses écrits, sa sympathie va au patriciat.

Il a composé en grec des traités de rhétorique et de critique littéraire et des ouvrages historiques. Nous possédons un Traité de l'arrangement des mots, la première partie des Études sur les anciens orateurs (sur Lysias, Isocrate, Isée), un opuscule Sur la force du style de Démosthène, un autre Sur le caractère de Thucydide, deux Lettres à Ammée (la première sur Démosthène, la seconde sur Thucydide), un traité intitulé Dinarque (sur la vie et les discours de cet orateur), une Lettre à Cnéius Pompée où il justifie ses opinions défavorables à Platon ; mais nous n'avons plus son Traité de l'imitation, dont Quintilien s'est inspiré dans son dixième livre. Dans ces ouvrages de rhétorique et de critique, Denys abonde en remarques judicieuses sur le style des écrivains classiques de la Grèce et défend la tradition cicéronienne. Il place l'art oratoire au sommet de la littérature et se montre convaincu que la prose attique est la meilleure et Démosthène le meilleur de ses représentants. Il analyse les différents styles des grands auteurs avec une méthode scrupuleuse, considérant d'abord le choix des mots puis la composition de la phrase ; mais son étude apparaît surtout comme celle d'un technicien et ses vues semblent parfois un peu étroites. Cependant, son rôle dans l'histoire littéraire sera important, car c'est par lui et son contemporain Cécilius que l'influence du classicisme latin s'exerce sur les lettres grecques.

Sous le titre d'Antiquités romaines, il compose également vingt livres d'histoire de Rome, des temps mythologiques jusqu'à la première guerre punique. Il nous en reste neuf livres complets, la plus grande partie du dixième et du onzième livre et des fragments des autres. L'auteur y expose minutieusement ce qui est relatif à la constitution, à la religion, aux lois, à la vie privée comme à la vie politique romaine. Il a beaucoup lu et il se sert des ouvrages des annalistes romains. Aussi, malgré leur manque d'esprit critique (il mêle les récits fabuleux à l'histoire) et de sens politique, ses livres d'histoire transmettent-ils de précieux renseignements sur la Rome primitive. Le style est souvent oratoire : Denys introduit de fréquentes digressions et fait tenir de nombreux discours à ses personnages. Alors que dans les autres écrits son langage est très pur, ici on rencontre des latinismes. Toutefois cet art, très étudié, parvient toujours à l'élégance.

— Dominique RICHARD

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