DÉPRESSION ÉCONOMIQUE
Analyse dynamique
Le phénomène de la dépression peut relever d'une analyse dynamique. Et cela, de deux façons.
Théorie de la dépression et théorie des cycles
La dépression peut être entendue comme phase du mouvement cyclique de l'activité économique. Elle est alors considérée comme le prolongement de la crise correspondant au retournement de la conjoncture d'expansion. La théorie dynamique moderne s'efforçant d'expliquer le mouvement cyclique dans sa continuité et de ne point dissocier l'explication des phases alternantes de prospérité et de dépression de celle des points de retournement, la théorie de la dépression entendue en ce sens relève à l'époque contemporaine de la théorie des cycles.
Notons encore qu'aujourd'hui les phases qui suivent le retournement de l'expansion présentent le plus souvent un caractère de récession, c'est-à-dire des caractéristiques atténuées par rapport à celles retenues pour définir la dépression. À la limite, une conjoncture déprimée se traduit seulement par un ralentissement de la croissance.
Étude de tendance séculaire
L'étude dynamique de la dépression peut être entendue dans un second sens, comme constituant l'étude des facteurs qui tendent à freiner la croissance. C'est alors, non plus une étude de cycle, mais une étude de tendance séculaire.
Le trend de la croissance peut s'infléchir et la croissance se ralentir par un processus d'autofreinage, de telle sorte que soit finalement atteint, au moins de façon asymptotique, un niveau stable de l'activité économique correspondant à un état stationnaire. Envisagée de cette façon, la dépression est fréquemment qualifiée, dans la littérature économique, de stagnation.
D'inspiration keynésienne, une école dite stagnationniste (Hansen) étudie la notion de maturité économique, caractérisant la phase avancée du développement des économies capitalistes.
Ces thèses ont pris naissance aux États-Unis, à l'occasion de la grande dépression des années trente. Elles reposent sur une analyse de la dégradation des facteurs régissant la croissance de la demande effective. On s'efforce de démontrer que l'action des facteurs qui suscitent la croissance des investissements connaît une intensité décroissante. Le premier de ces facteurs est la croissance démographique, dont on constate le ralentissement séculaire dans les pays développés. Le second facteur retenu est le caractère des innovations. On suppose que, après avoir impliqué un processus d'intensification capitalistique, c'est-à-dire d'accroissement du capital par tête, les innovations dans les techniques de production ont désormais pour objectif ou pour conséquence d'économiser du capital, de telle sorte que le montant d'investissement nécessaire pour réaliser les innovations qui, par unité de temps, permettent un taux déterminé d'accroissement de la productivité, tend à être de plus en plus faible. À supposer que le rythme du progrès technique lui-même n'en vînt pas à se ralentir au cours du temps, le montant d'investissement tendrait néanmoins à décroître.
En revanche, l'épargne tend à s'élever avec l'élévation du revenu national concomitante à la croissance. Un déséquilibre tend donc à s'établir dans le sens d'un excédent de l'épargne sur l'investissement qui exerce une influence dépressive croissante sur l'activité économique. Cette thèse, inspirée par la situation des États-Unis entre les deux guerres et par l'atonie frappante de l'activité d'investissement constatée pendant cette période, ne semble guère actuelle.
Une explication complémentaire
Une autre explication, complémentaire des précédentes, doit être examinée. À côté des investissements destinés à permettre la réalisation du progrès[...]
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Écrit par
- Bernard DUCROS : professeur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
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