DER FREISCHÜTZ (C. M. von Weber)
« Le Freischütz », opéra national allemand
En dépit de certaines faiblesses dans son livret et notamment de la peinture assez rudimentaire de la psychologie des protagonistes, Le Freischütz constitue l'archétype de l'opéra romantique allemand. Ce n'est pas uniquement en raison de son thème, qui lie le fantastique au populaire, puisque des œuvres de Louis Spohr (Faust, 1816) ou de E. T. A. Hoffmann (Undine, 1816) accordaient déjà un rôle déterminant à ce type de synthèse. Ce n'est pas non plus en raison de la modernité formelle de l'ouvrage, qui s'inscrit parfaitement, même dans ses pages les plus caractéristiques telles que le chant de la couronne de mariage ou le chœur des chasseurs, dans la tradition du Singspiel allemand et de l'opéra-comique français. C'est bien plutôt à travers l'orchestration novatrice de Weber, qu'il s'agisse de la caractérisation musicale des joies de la nature ou de celle des puissances infernales qui la hantent, que l'on peut voir dans cette œuvre un parangon du romantisme musical : la scène du pandémonium de la Gorge-aux-Loups, avec son obsédant accord de septième diminuée et son utilisation si caractéristique du registre grave des instruments à vent, offre une peinture particulièrement saisissante des terreurs d'une âme aux prises avec une nature qui la dépasse.
L'œuvre exercera une influence profonde et durable sur Richard Wagner. Le Freischütz, que les nazis avaient placé au sommet de leur panthéon musical, souffre depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale d'une relative perte de popularité. La scénographie moderne tente de défaire l'œuvre de cette embarrassante récupération idéologique.
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Écrit par
- Timothée PICARD : ancien élève de l'École normale supérieure et de Sciences Po Paris, assistant à l'université Marc Bloch (Strasbourg), critique musical
Classification
Média