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DERNIERS VERS, Arthur Rimbaud Fiche de lecture

Une ironie lyrique

Dans leur précipité, les associations d'images juxtaposent les révoltes du poète et celles des communards (« Qu'est-ce pour nous, mon cœur... »), l'élégie (« Larme ») ou l'idylle (« Michel et Christine ») ironiques et l'allusion érotique, l'extase dans la nature (« Bonne pensée du matin ») ou devant le « Boulevart du Régent » (« Bruxelles »). Ses « airs » et « délires » illustrent le combat spirituel d'un païen en quête d'un « âge d'or », dont les stupeurs extatiques finissent dans « la boue » et la « honte ».

Dans ses refrains naïfs (« Ô saisons ô châteaux »), le « voyant » des « lettres » se fait musicien de la langue qu'il affranchit de la prosodie traditionnelle. Sa fantaisie polyphonique joue sur les variations subtiles des rimes et des sons, les syncopes de l'alexandrin, l'alternance des vers longs et brefs, avec une prédilection pour l'impair (l'hendécasyllabe). Le contrepoint poétique de ses « chanson[s] de la plus haute tour » oscille entre fantaisie et tragédie, élégie et parodie, pathétique et dérision.

Ces poésies de 1872 sont la « Comédie de la Soif » et les « Fêtes de la Faim » d'un poète révolté et maudit dont l'ironie lyrique cherche la « vraie vie ». Ces Derniers Vers sont les tentatives et les reliques de l’« opéra fabuleux » qu’évoquera Une saison en enfer. Ils ouvrent la voie à l'imaginaire et « l'inexprimable ». Ils annoncent aussi, dans leur « éclatant désastre », l'écriture automatique et l'exploration de l'inconscient chères aux surréalistes.

— Yves LECLAIR

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Écrit par

  • : professeur agrégé, docteur en littérature française, écrivain

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  • RIMBAUD ARTHUR (1854-1891)

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    La publication desVers nouveaux et chansons, appelés parfois Derniers Vers, relève d'une histoire autrement plus complexe. La plupart, datés par Rimbaud de mai, juin, juillet 1872, furent d'abord publiés en 1886 avec les Illuminations, un peu comme s'il s'agissait d'un sous-genre en vers...