Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

DÉSARMEMENT

Désarmement et limitation des armements

Cette nouvelle phase est marquée par des tendances contradictoires : d'un côté une incertitude stratégique accrue, voire généralisée, de l'autre une amplification considérable des perspectives de l'entreprise du désarmement. Chacune de ses tendances connaît au surplus ses contradictions internes, dans la mesure où l'ambition des Nations unies en matière de désarmement ne conduit qu'à des résultats modestes, tandis que l'incertitude stratégique provoque un retour aux pratiques classiques.

L'incertitude stratégique se marque sur deux plans : d'abord une relance, réelle ou virtuelle, de la course aux armements entre les principales puissances, témoignant des limites de l'arms control. C'est, à la fin des années 1970, l'installation des SS-20 soviétiques, en direction de l'Europe occidentale, et, en réplique, le déploiement des Pershing sur le territoire de membres européens de l'O.T.A.N. C'est aussi, en 1983, le lancement de l'initiative de défense stratégique (I.D.S.) par le président Reagan. Elle tend initialement à réaliser une défense efficace du territoire américain contre une attaque nucléaire, en utilisant l'espace extra-atmosphérique, dont la militarisation serait notablement accrue. Même à l'état de projet ou d'étude, cette initiative bouleversait la réflexion stratégique et suscitait une inquiétude assez vive, surtout exprimée par l'U.R.S.S. et les pays socialistes. Il résulte, ensuite, de cette course aux armements une remise en cause de données stratégiques considérées comme relativement stables : le « couplage » entre les États-Unis et l'Europe, plus largement la dissuasion nucléaire elle-même, dont le concept est de plus en plus rejeté, sans que l'on discerne par quel nouveau système on pourrait le remplacer. C'est dans ce contexte que l'on doit apprécier la relance de l'entreprise du désarmement.

La relance de l'entreprise du désarmement avec la session extraordinaire de l'Assemblée générale de 1978 entraîne un retour officiel à l'objectif du « désarmement général et complet sous un contrôle international efficace ». La dissuasion nucléaire est parallèlement condamnée au profit de la sécurité collective, seul système de la charte. Au-delà des réformes de procédure, qui mettent l'accent sur une multilatéralisation des négociations, avec l'organisation de la Conférence du désarmement, instance internationale unique constituée dès 1979 à Genève, les résultats restent toutefois modestes. Aucun grand accord n'est conclu dans les années qui suivent, si l'information et la réflexion dans ces domaines font de notables progrès. Il apparaît toutefois que les perspectives concrètes à court et à moyen terme relèvent beaucoup plus de la limitation des armements que du désarmement général et complet. Au surplus, l'approche multilatérale coexiste avec un cadre bilatéral, troublé mais maintenu, de négociations américano-soviétiques, comme avec une dimension européenne spécifique. Les mécanismes universels des Nations unies ne sont pas en mesure de se subordonner les autres instances, de sorte que l'on assiste sinon à un éclatement, du moins à une complexité accrue de l'entreprise du désarmement.

L'approche multilatérale

L'approche multilatérale correspond d'abord à un élargissement des objectifs, avec la volonté de renouer avec l'ambition du désarmement général et complet sous un contrôle international efficace, mais aussi d'envisager le désarmement sous tous ses aspects. À cet égard, le document de base demeure le document final adopté par la session extraordinaire de l'Assemblée générale en 1978, à la suite d'un consensus. Il ne s'agit cependant que d'une résolution, sans force juridique obligatoire.[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur à l'université Pierre-Mendès-France, Grenoble
  • : professeur de droit public à l'université de Paris-II-Panthéon-Assas

Classification

Médias

Accords S.A.L.T. - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Accords S.A.L.T.

Mirage 2000-5 au salon aéronautique de Dubai - crédits : Jorge Ferrari/ AFP

Mirage 2000-5 au salon aéronautique de Dubai

Jeune Angolais victime d'une mine antipersonnel - crédits : James F Housel/ The Image Bank/ Getty Images

Jeune Angolais victime d'une mine antipersonnel

Autres références

  • BEVAN ANEURIN (1897-1960)

    • Écrit par
    • 556 mots
    • 1 média

    L'un des plus importants chefs travaillistes britanniques entre 1930 et 1960, Aneurin Bevan fut l'un des plus fermes avocats d'une véritable socialisation de la Grande-Bretagne. Fils de mineur, il doit lui-même abandonner la mine, à cause d'une maladie des yeux. Adversaire virulent de la prudence...

  • BRZEZINSKI ZBIGNIEW (1928-2017)

    • Écrit par
    • 611 mots
    • 1 média

    Politologue américain, spécialiste des relations internationales des États-Unis, Zbigniew Brzezinski fut le conseiller à la sécurité nationale du président Jimmy Carter de 1977 à 1981.

    Zbigniew Kazimierz Brzezinski est né le 28 mars 1928 à Varsovie (Pologne). Son père, membre éminent du ...

  • CLAUSEWITZ KARL VON (1780-1831)

    • Écrit par
    • 4 635 mots
    ...La nécessité de se référer à l'épreuve de force pour l'emporter sur l'adversaire détermine le « but militaire » de la guerre : désarmer l'ennemi. « Le désarmement est par définition le but proprement dit des opérations de guerre. » La volonté stratégique de désarmer l'adversaire est celle qui parle dans...
  • CORÉE DU NORD

    • Écrit par , et
    • 9 001 mots
    • 8 médias
    ...Pyongyang adhère au Traité de non-prolifération nucléaire (T.N.P.) le 12 décembre 1985. Cette affaire, connue depuis 1987, rebondit en 1991. Afin de dénucléariser la péninsule, le Sud accepta le retrait des armes nucléaires américaines, lequel s'est discrètement achevé le 18 décembre 1991. Le 31, les...
  • Afficher les 24 références