Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

DESCRIPTION ET EXPLICATION

Expliquer et déduire

Le système de Tycho Brahe - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Le système de Tycho Brahe

Au paradigme relationnel se rattache la conception nomologico-déductive de l'explication que l'on croit due à E. Goblot, mais qui est antérieure. En analysant une explication, on y découvre un ou plusieurs énoncés décrivant des conditions particulières, et un énoncé général, de forme implicative, qui est la loi. Ainsi : « Cette pierre est un corps, tous les corps tombent, donc cette pierre tombe. » On est censé expliquer un fait individuel en déduisant d'une loi l'énoncé qui le décrit. C'est la doctrine de J. S.  Mill : « Un fait particulier est expliqué quand on a indiqué la loi dont sa production est un cas. Une loi de la nature est expliquée quand on indique une loi ou d'autres lois, dont elle est une conséquence », et de H.  Spencer : « On explique un fait en le ramenant à une loi, celle-ci à une autre loi plus générale, et ainsi de suite jusqu'à une première loi qui ne peut être expliquée. » Cette conception logique des empiristes, qui met dans la déduction le caractère de nécessité que possède en droit l'explication scientifique, est insuffisante : expliquer n'est pas déduire. On le voit en mathématiques, où une démonstration ne révèle pas forcément la cause, c'est-à-dire la raison du théorème. Déduire consiste à insérer des énoncés intermédiaires entre une prémisse et une conclusion. Une déduction ne formalise pas toujours un rapport explicatif (susceptible de rentrer dans un des types recensés plus haut). La nécessité logique ou déductive n'est ni suffisante ni indispensable à l'explication. La part de vérité de la théorie nomologico-déductive est la suivante : une loi scientifique particulière, obtenue par induction, est expliquée quand elle apparaît comme une conséquence des principes d'une théorie plus vaste, elle-même explicative. Celle-ci engendre la description, elle la déduit. Exemples : les lois de Kepler, résumé de faits d'observation accumulés par Tycho-Brahé, sont déduites par la théorie newtonienne de la gravitation ; la relativité générale déduit la description des phénomènes de gravité (décrits par l'équation de Poisson).

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur à l'université Paris-XII-Val-de-Marne, Créteil

Classification

Média

Le système de Tycho Brahe - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Le système de Tycho Brahe

Autres références

  • CAUSALITÉ

    • Écrit par , et
    • 12 987 mots
    • 3 médias
    ...souscrit Platon. Si les effets contiennent plus que leurs causes, c'est qu'il y a une puissance qui les produit. La cause est, en effet, le principe d' explication « de la génération et de la corruption » (Phédon, 95 e) ; « de l'acheminement du non-être à l'être », c'est-à-dire de la...
  • COMPRÉHENSION (sociologie)

    • Écrit par
    • 903 mots

    C’est au sein des sciences humaines allemandes de la seconde moitié du xixe siècle que la notion de compréhension a été formulée pour la première fois par l’historien Johann Gustav Droysen puis par le philosophe Wilhelm Dilthey. Elle est d’emblée définie en référence à un dualisme des...

  • COMTE AUGUSTE (1798-1857)

    • Écrit par
    • 9 502 mots
    • 1 média
    ...impossible de concilier la théologie et la science. Il n'y a pas à proprement parler conflit logique ou dialectique entre elles. Un nouveau mode d' explication frappe les dogmes d'obsolescence. Aussi l'esprit positif prétend-il éviter la polémique et aspire à s'établir pacifiquement dans les ...
  • CONTINGENCE

    • Écrit par
    • 4 900 mots
    L'idée même d'explication scientifique se transformait : le modèle causal et déterministe cessait de paraître comme le plus parfait, alors que les lois et les théories statistiques, en physique puis en biologie, permettaient de pénétrer la structure intime de l'infiniment petit. Le ...
  • Afficher les 32 références