DÉSÉPARGNE
De création récente, la désépargne désigne le fait de transformer une épargne en consommation. L'épargne peut recevoir deux affectations, et être soit placée (caisses d'épargne, acquisition de titres financiers...) soit thésaurisée. Le terme de désépargne ne concerne cependant que la première hypothèse. Dans le second cas, lorsque les signes monétaires oisifs seront remis en circulation, on emploiera le terme de déthésaurisation.
La désépargne des ménages au cours d'une période donnée correspond donc à une diminution en valeur absolue de l'encours de leurs placements financiers. Si ce phénomène est fréquent à l'échelle individuelle, la finalité de l'épargne étant d'être un jour destinée à être affectée à des achats de consommation, il est heureusement très rare au niveau collectif. En effet, l'épargne placée sert au financement des investissements et la désépargne mettrait l'économie dans une situation critique. Une épargne nulle, pendant une période donnée, condamnerait pratiquement tout nouvel investissement et donc une éventuelle croissance de l'économie. Une désépargne, diminution des encours des placements, ferait baisser les cotations des titres financiers (actions et obligations en Bourse) et risquerait de mettre les banques et les systèmes de collecte de l'épargne en faillite par suite d'illiquidité. De plus, le détournement des fonds d'épargne vers la consommation risquerait de créer des tensions inflationnistes si la production des biens de consommation ne suffisait pas à satisfaire les demandes nouvelles.
Au niveau individuel, il est possible d'assimiler la demande de crédit à une désépargne par anticipation : le ménage qui demande un crédit à la consommation pour l'acquisition d'un véhicule automobile s'engage à rembourser le prix du véhicule, augmenté des intérêts, sur le revenu des périodes suivantes et diminue ainsi éventuellement sa consommation, puisque l'épargne est une renonciation à consommer, ou son épargne future. De même, les entreprises dont le taux d'autofinancement est inférieur à l'unité et qui ont fait appel au crédit, anticipent sur leurs ressources futures pour financer leurs investissements.
En fait, si les gouvernements craignent la désépargne, ils se préoccupent davantage du phénomène plus probable de sous-épargne relative, c'est-à-dire d'une réduction de l'épargne par rapport aux périodes précédentes, dont les conséquences sur l'économie sont facilement inflationnistes.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- P. SCHAEFER : chargé de cours à l'U.E.R. de droit de Metz
Classification
Autres références
-
ÉCONOMIE MONDIALE - 1991 : une économie convalescente
- Écrit par Tristan DOELNITZ
- 8 651 mots
Pour répondre à cette question, il faut tenir compte des conséquences financières des neuf années de boom dans ces pays : la désépargne, plus forte qu'ailleurs, a entraîné un endettement particulièrement élevé qui freine à son tour les dépenses de consommation. La déréglementation financière...