DÉSERTS
Les familles de formes de relief
Certaines formes de relief tirent leur originalité de leur modelé ; d'autres apparaissent véritablement spécifiques du milieu, en raison de leur fréquence comme de la diversité de leurs types.
Formes structurales
Le relief des régions désertiques se signale par la netteté des formes structurales. Celle-ci résulte du simple aménagement, en milieu aride, d'un ensemble géomorphologique hérité d'époques bioclimatiquement plus favorables aux attaques de l'érosion. En fait, les systèmes morphogéniques de tels milieux, peu producteurs de débris, assurent surtout un minutieux nettoyage des affleurements de roches meubles, grâce aux ruissellements diffus et, le cas échéant, au vent. Aussi le modelé d'érosion différentielle y atteint-il une précision nulle part égalée.
L'armature structurale du relief apparaît particulièrement bien mise en valeur dans les régions sédimentaires où alternent des roches plus ou moins résistantes à l'érosion. Dans les séries aclinales, les plateaux structuraux définis par les bancs calcaires ou gréseux, cuirassés ou non par des croûtes, constituent des hamadas d'une remarquable planitude. Des buttes témoins qui proviennent de leur dissection, les gour (sing. gara), précèdent leurs rebords escarpés. La pierraille anguleuse de regs de dissociation parsème toutes ces surfaces monotones, à la suite de la fragmentation de la roche ou de son revêtement de croûte. Les patines et les vernis qui enduisent leurs éléments comme leur soubassement rocheux prouvent le caractère inactuel des actions mécaniques responsables.
En structure monoclinale, les fronts des cuestas présentent des profils transversaux couronnés de vigoureuses corniches de calcaire ou de grès (fig. 1). Sur les talus, très tendus, les moindres différenciations lithologiques dans le matériel meuble se manifestent par des replats bien dessinés. La même vigueur des profils caractérise les formes jurassiennes dégagées dans les structures plissées. Des crêtes et des barres rigides y cernent des courbes ou des monts dérivés, minutieusement nettoyés. On signalera, en particulier, les beaux alignements de chevrons nés de la dissection des formes monoclinales par des percées cataclinales successives, les foums ou khenegs sahariens, régulièrement espacés. Dans tous les cas, des voiles d'éboulis de gravité, minces et discontinus, laissent entrevoir çà et là la roche des versants.
Dans les boucliers désertiques qui correspondent aux socles cristallins de l'Afrique, de Madagascar, de l'Australie, tout comme en certaines régions du sud-ouest des États-Unis, des formes structurales plus étranges surplombent de vastes et monotones surfaces d'aplanissement. Ces reliefs, différents suivant leurs aspects et leurs dimensions, méritent bien leur nom d' inselberg, ou inselgebirge ; ils se présentent comme des îles ou îlots, isolés ou groupés en archipels dominant abruptement des horizons uniformes et démesurés.
Pour désigner de simples pitons peu élevés, les Anglais ont adopté le mot celtique de tor ; les Américains appellent knob et nubbin les bosses et chicots rocheux ; quand il s'agit d'importants amoncellements ruiniformes, on emploie volontiers le terme de castle-kopje, emprunté aux auteurs sud-africains. Enfin, le nom de dos de baleine (whale back) s'applique aux affleurements granitiques convexes et surbaissés qui émergent à peine au-dessus des plaines dénudées.
Dans tous les cas, le caractère structural de ces reliefs se manifeste d'abord par leur stricte correspondance avec des roches cristallines différentes de celles de leur environnement immédiat, par leur nature, leur texture ou leur structure. On constate la coïncidence de leurs versants avec les surfaces courbes des diaclases qui débitent les coupoles granitiques, comme avec les plans de fissuration[...]
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Écrit par
- Roger COQUE : professeur des Universités, professeur émérite à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
- François DURAND-DASTÈS : professeur à l'université de Paris-VII-Denis-Diderot
- Huguette GENEST : Muséum national d'histoire naturelle
- Francis PETTER : docteur vétérinaire, docteur ès sciences, sous-directeur au Muséum national d'histoire naturelle
Classification
Médias
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