DÉSERTS
La vie animale
La faune des zones arides est dans l'ensemble pauvre en espèces. La plupart des groupes zoologiques terrestres et d'eau douce y sont représentés, mais seulement par des familles, des genres ou des espèces qui ont acquis les moyens de subsister dans ces milieux extrêmes. Leurs adaptations anatomiques sont généralement peu importantes : dimensions relatives des membres chez les gerboises (Jaculus) ; pigmentation (insectes noirs ou noir et blanc, mammifères et oiseaux de couleurs claires), écaillure des doigts (chez les lézards) et pilosité développée des soles plantaires des mammifères arénicoles (lièvres, fennec, chat de Margueritte). Les adaptations physiologiques et éco-éthologiques sont beaucoup plus marquées : résistance à la déshydratation ou à la chaleur, adaptation à la faiblesse des ressources alimentaires.
Les espèces représentées dans les zones arides appartiennent, selon les groupes zoologiques, à des familles ou à des genres d'origine tropicale, ou au contraire d'origine tempérée, comme le prouve l'exemple des rongeurs du Sahara. Trois espèces de ces « rats de sable » (genre Meriones) vivent en Afrique du Nord, toutes trois granivores et nocturnes. M. shawi est lié aux biotopes relativement riches en végétation des plaines et des hauts plateaux, depuis le Maroc jusqu'à l'Égypte ; sa répartition est limitée vers le sud par le désert. Plus au sud, M. libycus vit dans les taches de végétation buissonnante, et M. crassus creuse son terrier loin de toute végétation. Les terriers des trois espèces ont un microclimat comparable, l'hygrométrie étant à son maximum et la température moyenne proche de 20 à 25 0C.
La densité de peuplement de M. shawi peut atteindre 10 à 20 individus à l'hectare, mais celle des deux autres espèces est de l'ordre de 1 à 0,1 individu à l'hectare. De ce fait, la rencontre des sexes aux moments favorables à la reproduction ne serait pas possible sans d'extraordinaires spécialisations : remarquable mémoire visuelle permettant des explorations et des retours de plusieurs kilomètres, sensibilité auditive aiguë grâce à l'hypertrophie de leur oreille moyenne, qui leur permet de percevoir à distance les signaux sonores émis par leurs congénères.
Le problème de l'eau
La grande sécheresse des zones arides est due non seulement à la rareté des précipitations, mais aussi à une forte évaporation, ayant pour conséquence une diminution de la quantité d'eau dans les tissus vivants. Si tout animal peut survivre un certain temps au manque de nourriture solide, la privation d'eau, sous une forme ou sous une autre, qui produit une perte de poids relativement faible, l'entraîne rapidement à la mort. Chez la plupart des organismes, une perte d'eau de 10 p. 100 provoque des troubles extrêmement graves ; une perte de 12 p. 100 est fatale à l'homme. Mais certains animaux résistent beaucoup plus à la déshydratation ; ainsi le poids du chameau peut diminuer de 30 p. 100 pendant les périodes de pénurie d'eau et celui du caméléon de 46 à 47 p. 100.
On distingue généralement plusieurs mécanismes de déshydratation. Le cas le plus typique survient à la suite d'une perte concomitante de sels et d'eau chez un animal actif soumis à une importante sudation. Le remède consiste en un apport rationnel de ces deux éléments pour éviter un déséquilibre osmotique secondaire encore plus grave. À l'évaporation par sudation et, en quantité moins importante, par voie respiratoire s'ajoutent les pertes d'eau rejetée dans l'urine et dans les fèces. Cette eau, l'animal peut la récupérer sous forme d'eau de boisson, d'eau préformée contenue dans les aliments et d'eau métabolique provenant de l'oxydation des aliments. Les animaux désertiques peuvent être classés suivant leur plus ou moins grande dépendance par rapport à l'eau. Certains[...]
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Écrit par
- Roger COQUE : professeur des Universités, professeur émérite à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
- François DURAND-DASTÈS : professeur à l'université de Paris-VII-Denis-Diderot
- Huguette GENEST : Muséum national d'histoire naturelle
- Francis PETTER : docteur vétérinaire, docteur ès sciences, sous-directeur au Muséum national d'histoire naturelle
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