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DÉSIR (notions de base)

Désir et élévation de l’âme

Mais la grandeur de Platon est de ne pas s’être limité à cette approche du désir. Dans son dialogueLe Banquet, où les convives s’expriment tour à tour sur l’amour (Éros), deux discours se détachent : celui du dramaturge Aristophane, et celui de la prêtresse Diotime. Pour celle-ci, l’amour est bien l’expression d’un manque – le manque d’un Autre, le manque du divin, le manque de l’éternité. L’amour est donc progressif et prospectif, et non pas régressif. Il est aspiration à l’être de la part d’une créature éphémère et en devenir : aspiration à la durée (procréation, célébrité, pouvoir de création) et aspiration à l’éternité. L’amour est un intermédiaire (metaxu, en grec) entre le monde fugace des apparences et le monde éternel des Idées. Nul ne l’a mieux exprimé qu’Émile Bréhier (1876-1952) dans son Histoire de la philosophie : « La vie de l'esprit est ainsi comme entée sur la vie du corps ; du désir instinctif qui pousse l'être vivant à engendrer son semblable jusqu'à la vision subite du beau éternel et impérissable, il y a un progrès continu qui est un progrès en généralité. C'est un progrès d'être ému, non plus par la beauté d'un seul corps, mais par toute beauté plastique ; mais au-dessus de la beauté plastique se trouve celle des âmes, des occupations et des sciences, et au-dessus encore, la mer immense du Beau dont toutes ces beautés sont issues. »

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Écrit par

  • : professeur agrégé de l'Université, docteur d'État ès lettres, professeur en classes préparatoires

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