DÉSIR (notions de base)
La puissance de désirer
Les philosophes qui sont venus après Platon n’ont guère retenu de lui que l’« animalité » du désir et la nécessité de s’en affranchir. Il faut attendre le xviie siècle et Thomas Hobbes (1588-1679) pour qu’ils reconnaissent enfin ce qui distingue le désir du simple besoin. La thèse de Hobbes est résumée dans une formule décisive du Léviathan (1651) : « Ainsi je mets au premier rang, à titre d’inclination générale de toute l’humanité, un désir perpétuel et sans trêve d’acquérir pouvoir après pouvoir, désir qui ne cesse qu’à la mort. » Une thèse si novatrice qu’elle est d’abord incomprise. Aussi, quand le philosophe proposera en 1668 une version en latin de son Léviathan, le « pouvoir » dont il parle sera traduit par le mot potentia. Potentia signifie ici le « pouvoir de » et non pas le « pouvoir sur ». Il s’agit bien de la « puissance », de la « potentialité », opposée à l’« acte », qui est l’effectuation de cette potentialité (l’œuf est un poussin en puissance). Ce que les humains recherchent de la naissance à la mort, ce sont de nouvelles potentialités, de nouveaux possibles.
Hobbes est le premier philosophe à comprendre que le désir est spécifiquement humain, alors que les animaux n’ont que des besoins. Lecteur et grand admirateur de Hobbes, G. W. F. Hegel (1770-1831), au début du xixe siècle, évoquera en écho aux thèses du penseur anglais « l’infini du désir », marque essentielle de l’Esprit.
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Écrit par
- Philippe GRANAROLO : professeur agrégé de l'Université, docteur d'État ès lettres, professeur en classes préparatoires
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