NISARD DÉSIRÉ (1806-1888)
Le plus conséquent, dans son jusqu'auboutisme, des critiques réactionnaires du xixe siècle. Dans sa carrière tant politique (il fut député et sénateur) que littéraire, Nisard fit preuve d'un conservatisme intraitable et sans faille. Dès 1833, il s'attaque au romantisme (Manifeste contre la littérature facile). Professeur à la Sorbonne, au Collège de France, à l'École normale supérieure — qu'il dirige de 1857 à 1867 —, membre de l'Académie (il est élu contre Musset en 1850), il profite de ces divers magistères pour mener toujours le même combat. Son Histoire de la littérature française (1844-1861) développe longuement sa doctrine : l'« esprit français » a connu son âge d'or dans la période comprise entre Corneille et Racine ; là, sous la plume de quelques auteurs, s'est exprimé le génie de la France, tant du point de vue moral et intellectuel que stylistique. Là est l'idéal. Tout ce qui s'en rapproche est à louer. Tout ce qui s'en éloigne (et singulièrement la littérature romantique) est à proscrire. On brocarda la rigidité de la pensée de Nisard. Il n'en exerça pas moins une grande influence dans l'Université, qui fit longtemps sien son système de valeurs (en persistant à confondre morale et littérature). En ce sens, sa postérité est abondante : elle est à chercher du côté de Brunetière et même de Lanson — aussi bien que du côté de Maurras.
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Écrit par
- Claude BURGELIN : professeur émérite de littérature française, université Lyon-II
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