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DESJARDINS MARTIN VAN DEN BOGAERT dit MARTIN (1640-1694)

Originaire de Breda, aux Pays-Bas, Martin Van den Bogaert reçoit sa première formation auprès du sculpteur anversois Verbruggen. Il cherche fortune en France, où il s'établit avant 1661, date de son mariage à Paris. Son nom est francisé en Desjardins. Ses premiers travaux répondent à des commandes particulières, pour des hôtels et des églises de la capitale (décor en stuc de l'hôtel Salé dans le Marais). Ses débuts sont facilités par la protection de son compatriote Gérard Van Opstal. Sa réputation aidant, il est sollicité assez vite pour les chantiers royaux. Sa contribution à Versailles, pour être moins importante que celle de ses grands contemporains, n'en comprend pas moins des œuvres aussi merveilleuses que la figure en marbre du Soir ou une Diane chasseresse (1680) qui s'élance, légère, l'arc au bout du bras, suivie de sa levrette.

Ce Néerlandais parfaitement acclimaté préférera la capitale, où il décore le collège des Quatre-Nations et, sous la direction de Pierre Bullet, la porte Saint-Martin. Le maréchal de La Feuillade, par flatterie envers le roi, lui commande un monument à la gloire du souverain (qui fut érigé au centre de la place des Victoires). Une première statue en marbre de ce grandiose projet est offerte au roi et se trouve aujourd'hui à l'Orangerie de Versailles : un Louis XIV altier en costume de général romain. Le monument définitif (1685) montrait le roi couronné par la Victoire. La Révolution le détruisit, mais il reste un ensemble formé des quatre Nations enchaînées, en bronze, qui se dressaient aux angles du socle, des médaillons et des bas-reliefs exaltant la gloire militaire du Roi-Soleil (autrefois dans le parc du château de Sceaux, l'ensemble est installé depuis 1993 dans la cour Puget de l'aile Richelieu au Louvre). L'autre monument, équestre celui-là, qui est exécuté par Desjardins sur commande de la Ville de Lyon n'a pas davantage survécu à la Révolution. De la statue de la place Bellecour ne restent que des réductions.

Desjardins peut à l'occasion se montrer portraitiste de qualité (bustes de Mignard, de Colbert, de Villacerf). Il collabore avec Girardon au monument funéraire de Louvois (aujourd'hui à l'hôpital de Tonnerre).

— François SOUCHAL

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