DESSINS DE LA RENAISSANCE ITALIENNE (expositions)
Dans divers espaces du musée du Louvre se sont tenues, durant le printemps de 2003, trois expositions de dessins de la Renaissance italienne : Michel-Ange, les dessins du Louvre ; Léonard de Vinci, dessins et manuscrits et Savoir-faire, la variante dans le dessin italien au XVIe siècle. Chacune des trois expositions proposait une visite commentée des coulisses de la création artistique, une analyse de ses étapes et procédés, ainsi qu'un aperçu de la formation des grands maîtres et de leurs projets essentiels.
La très érudite publication par Paul Joannides, professeur à l'université de Cambridge (Grande-Bretagne), des dessins de Michel-Ange (1475-1564) et de son cercle, conservés dans le fonds du Louvre, a été doublée d'un catalogue de 62 notices illustrées, à destination du public venu admirer des feuilles célèbres et d'autres beaucoup moins connues, récemment attribuées ou découvertes. D'une masse sûrement considérable de dessins, dont Michel-Ange a détruit lui-même une grande part, survivent environ 600 feuillets, du simple croquis technique destiné à l'extraction de blocs de marbre à des modelli ou dessins finis destinés au commanditaire des œuvres de sculpture et d'architecture. Le Louvre possède 43 dessins jugés autographes, les autres étant des copies réalisées dans l'atelier du maître par ses élèves, dont Antonio Mini. Ces dessins sont très divers, depuis des copies faites par Michel-Ange, dans sa première jeunesse, de fresques de Giotto et de Masaccio, jusqu'aux études pour une Crucifixion pouvant être datées d’environ 1555, dans le style dépouillé et spiritualisé de sa vieillesse. Aux côtés de nombreuses études de nus, on pouvait aussi voir les projets pour les tombeaux des Médicis à Florence. Moins ambitieuse que l'exposition des Dessins de Michel-Ange organisée par le même musée en 1989, celle-ci permettait de découvrir la diversité thématique et qualitative d'une collection publique.
Le sculpteur florentin Baccio Bandinelli affirmait qu'« on ne fait les dessins que pour les voir ensemble et les comparer », et ainsi les améliorer. C'est donc aux feuilles comportant plusieurs études dissemblables, relatives à une tête, une partie de corps, un personnage, un groupe ou même une composition historiée entière, que Lizzie Boubli a consacré l'exposition Savoir-faire... Elle résulte de ses recherches pour classifier et comprendre les méthodes de travail par reprises, séries, alternatives, changements d'angle de vue, extrapolations et contaminations, pratiquées abondamment par les peintres toscans, romains, lombards et vénitiens du xvie siècle. Conservateur au département des Arts graphiques et commissaire de l'exposition, Lizzie Boubli a distingué trois grandes catégories : les transformations morphologiques, les transferts sémantiques et les variations sur un thème traditionnel. Cependant, les pratiques propres à chaque artiste peuvent jouer sur divers paramètres : si Léonard invente le componimentoinculto, écheveau de variantes possibles pour un même personnage ou groupe, Véronèse juxtapose ses variantes sur la feuille comme en un déroulement cinématographique. Expression des mouvements de l'esprit créatif, ces motifs retravaillés et leur mise en page s'attachent aussi au mouvement des corps et à leur expressivité. L'exposition fut également l'occasion de confronter diverses études d'un même maître, comme celles de Parmesan pour l'église Santa Maria della Steccata de Parme, et de regarder des maîtres moins connus, comme les Florentins du dernier tiers du xvie siècle.
Quant à l'exposition des dessins de Léonard (1452-1519), ce fut un grand événement : depuis cinquante ans, aucune manifestation en France n'avait rassemblé autant de feuilles, des prêts s'ajoutant au fonds du Louvre et aux carnets[...]
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Écrit par
- Martine VASSELIN : ancienne élève de l'École normale supérieure de Sèvres, maître de conférences en histoire de l'art des Temps modernes à l'université de Provence
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