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DÉTERMINATION DU SEXE CHEZ LES VERTÉBRÉS FOSSILES

Comme les phénomènes de fossilisation ne préservent le plus souvent que les parties dures les plus résistantes d'un organisme, notamment les os et les dents chez les vertébrés, beaucoup d'aspects de la biologie des êtres disparus échappent aux paléontologues, ou sont pour le moins difficiles à reconstituer. La détermination du sexe d'un fossile en est un exemple, les organes sexuels se prêtant mal à la fossilisation. Des tentatives ont pourtant été entreprises dans ce domaine, avec parfois des résultats tout à fait probants.

Les caractères sexuels secondaires et leurs incertitudes 

Cerf géant fossile - crédits : K.-P. Wolf/ imageBROKER/ Age Fotostock

Cerf géant fossile

Pour déterminer le sexe des fossiles, une des approches les plus simples en apparence consiste à rechercher des caractères sexuels secondaires qui sont visibles dans le squelette, et donc susceptibles d'être conservés par la fossilisation. Encore faut-il pouvoir reconnaître de tels caractères. Ce qui n'est pas forcément évident lorsqu'il s'agit d'espèces n'ayant plus aujourd’hui de parents proches dans la nature. Lorsque les fossiles appartiennent à des groupes qui ont des représentants actuels, la détermination peut se révéler assez simple. Par exemple, chez le cerf géant Megalocerosgiganteus, qui s'est éteint il y a environ 9 000 ans, et dont de nombreux squelettes bien conservés proviennent des tourbières d'Irlande, on connaît des spécimens imposants portant de grands bois caractéristiques de l'espèce, et d'autres, plus petits, qui n'en ont pas. La comparaison avec les cervidés actuels permet d'affirmer, sans le moindre doute, que les individus pourvus de bois sont des mâles et ceux qui n'en possèdent pas des femelles.

Lorsqu'on s'éloigne dans le temps, les choses se compliquent. On connaît certes de nombreux vertébrés disparus portant des cornes ou des appendices divers sur le crâne, qui montrent parfois un développement différent d'un individu à l'autre, et le paléontologue peut être tenté, en s'inspirant d'animaux actuels tels que les cervidés, de supposer que des spécimens portant les ornements crâniens les plus développés sont des mâles et ceux moins ornés des femelles. Ainsi, le paléontologue hongrois Franz Nopcsa a suggéré au début duxxe siècle que, chez les hadrosaures – « dinosaures à bec de canard » du Crétacé –, les formes à crâne orné de crêtes osseuses et celles à crâne plat, supposées appartenir à des espèces distinctes, étaient en fait des mâles et des femelles pouvant être rassemblés dans un petit nombre d'espèces. Les recherches ultérieures ont montré que cette interprétation était erronée. Toutefois, chez les espèces de dinosaures possédant des crêtes, les différences de développement de celles-ci pourraient traduire un dimorphisme sexuel. La question reste cependant compliquée car, souvent, ces crêtes se modifiaient apparemment au cours de la croissance de l'animal, ce qui fait que les différences observées peuvent aussi être liées à l'âge du spécimen. Qui plus est, la mise en évidence d'un dimorphisme sexuel n'implique pas forcément que l'on puisse déterminer quels sont les individus mâles et les individus femelles. Chez les mammifères, le dimorphisme sexuel se marque souvent dans la taille, les mâles étant plus grands que les femelles. Mais chez d'autres vertébrés, notamment chez les reptiles et les oiseaux, c'est assez souvent l'inverse, les femelles étant plus grandes que les mâles. Lorsqu'on a affaire à des fossiles, la prudence s'impose donc.

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Cerf géant fossile - crédits : K.-P. Wolf/ imageBROKER/ Age Fotostock

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Ichthyosaure - crédits : PLoS ONE, 2014

Ichthyosaure

Oiseau fossile <em>Confuciusornis sanctus</em> - crédits : Layne Kennedy/ CORBIS/ Corbis Documentary/ Getty Images

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