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DÉTROITS ET ISTHMES

La recherche des passages alternatifs

La recherche de routes alternatives est continuelle, dans l’objectif que la circulation maritime mondiale soit plus efficace et ne dépende plus de quelques territoires sensibles et contraints. Les projets de nouveaux passages se multiplient, que ce soit par le creusement de nouveaux canaux ou par la mise en place de ponts terrestres. En Amérique centrale, une demi-douzaine de corridors interocéaniques est envisagée par des États cherchant à concurrencer le canal de Panamá. Les projets les plus avancés se situent dans la partie septentrionale de l’isthme : celui porté par le Guatemala consiste en un corridor multimodal combinant autoroutes, voie ferrée et oléoducs. Le second projet de canal sec aménagé par le Salvador et le Honduras doit relier par une autoroute à double voie Puerto Cortés, sur la mer des Caraïbes, et le port de La Unión. Le seul projet de creusement de canal maritime en Amérique centrale est le grand canal du Nicaragua ; mais si ce dernier ressurgit régulièrement depuis la période coloniale, sa réalisation et sa viabilité économique demeurent néanmoins très incertaines.

Dans l’isthme de Kra, situé au sud de la Thaïlande, un « canal de Panamá asiatique » a été envisagé dès le xviie siècle afin de relier la mer d’Andaman au golfe de Siam. Un tel canal permettrait de réduire le trajet entre l’Europe et l’Asie du Nord-Est de 1 200 kilomètres en évitant le passage par le détroit de Malacca. Sa réalisation étant cependant très coûteuse, un projet alternatif est également régulièrement envisagé, comportant un système de transport intermodal associant ports en eaux profondes aux deux extrémités, autoroute, voie ferrée, oléoducs et gazoduc. Pour des raisons à la fois politiques et économiques, aucun de ces projets n’a cependant encore vu le jour. Afin de sortir de sa dépendance vis-à-vis du détroit de Malacca pour son approvisionnement énergétique et ses exportations de produits manufacturés, en particulier vers l’Europe, la Chine finance plutôt la mise en place de « ponts terrestres ». Dans le cadre des nouvelles routes de la soie sont construits des oléoducs transnationaux (entre le port birman de Sittwe et la ville de Kunming au Yunnan, ou entre Taishet en Sibérie russe et Daqing en Chine), ou des corridors terrestres (corridor ferroviaire Chine-Mongolie-Russie, corridor routier eurasiatique).

Une alternative serait l’ouverture de nouvelles routes maritimes. Les changements climatiques et la fonte des glaces arctiques sont ainsi à l’origine d’un regain d’intérêt pour les routes maritimes du Nord-Est, au nord de la Sibérie, et du Nord-Ouest, à travers l’archipel arctique canadien. La disparition des glaces pérennes, l’amenuisement de la banquise et l’allongement de la saison navigable dans ces passages permettraient d’envisager la création de nouvelles routes de transit entre l’Europe et l’Asie, d’une part, entre la côte Est des États-Unis et l’Asie, d’autre part, passant par le détroit de Béring, passage de 82 kilomètres de large qui relie les océans Pacifique et Arctique tout en séparant les États-Unis (Alaska) et la Russie (Sibérie orientale). Ces projets ne peuvent cependant être déconnectés de considérations géopolitiques, économiques ou encore environnementales qui sont autant d’obstacles à leur réalisation.

— Nathalie FAU

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Écrit par

  • : professeure agrégée de géographie, maître de conférences, université Paris Cité

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Médias

Principaux points de passage maritimes mondiaux - crédits : Encyclopædia Universalis France

Principaux points de passage maritimes mondiaux

Détroit de Gibraltar vu depuis l’espace - crédits : HUM Images/ Universal Images Group/ Getty Images

Détroit de Gibraltar vu depuis l’espace

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