DETTE PUBLIQUE
Du flux au stock
Il convient ensuite de distinguer entre le déficit public, qui est le flux, c'est-à-dire la différence au cours d'une année entre les recettes et les dépenses, et la dette publique, qui est le stock, c'est-à-dire la somme des déficits accumulés au fil du temps. Chaque déficit augmente le stock de dette, chaque excédent le réduit. Par ailleurs, la croissance régulière du secteur public conduit à distinguer entre le déficit de l'État, appelé déficit budgétaire, et le déficit de l'ensemble des administrations, appelé déficit public.
Pour faire une analyse économique des finances publiques, on utilise en général deux ratios : celui du déficit public rapporté au P.I.B. et celui de la dette publique rapportée au P.I.B. L'idée est que la situation financière d'un État dépend de ses ressources et donc des impôts, dont le montant dépend de la richesse du pays. François Quesnay résumait cela dans une formule célèbre et toujours d'actualité si on l'adapte à l'économie contemporaine : « Pauvres paysans, pauvre royaume, pauvre royaume, pauvre Roi ».
Le ratio dette/P.I.B. ne peut croître indéfiniment. Certes, l'État, qui est éternel, a adopté comme principe comptable de ne pas inscrire dans ses budgets de crédits pour le remboursement de la dette (ce remboursement est appelé l'amortissement), mais il est obligé de prévoir de quoi verser les intérêts. Plus le volume de dette est important et plus hauts sont les taux d'intérêt ; plus le montant de ces intérêts est élevé et plus le volume des dépenses est significatif. Or il existe un plafond de dépenses pour l'État qui est fonction de ses ressources et donc du P.I.B. qui les alimente. Il existe donc un niveau du ratio dette/P.I.B. au-delà duquel l'État ne peut aller. Théoriquement et pratiquement, ce niveau est toutefois impossible à déterminer. En 1789, le roi de France a convoqué les états généraux car il ne pouvait plus payer les intérêts de sa dette. Celle-ci a été évaluée par les historiens à 80 p. 100 du P.I.B., alors qu'aujourd'hui, les dettes publiques de plusieurs États européens et des États-Unis dépassent les 100 p. 100 du P.I.B. Et, au moment du déclenchement de la crise de la dette dans les pays en développement, au début des années 1980, le Congo et la Côte d'Ivoire avaient atteint des stocks de dettes publiques supérieurs à 200 p. 100 de leur P.I.B.
L'économiste peut seulement indiquer comment stabiliser le ratio dette/P.I.B. Des calculs relativement simples permettent d'établir que cette stabilité repose sur l'égalité entre le taux de croissance de l'économie et le taux d'intérêt auquel l'État emprunte. Cette égalité du taux d'intérêt et du taux de croissance constitue pour les économistes ce que l'on appelle la règle d'or de la croissance car son respect offre de multiples avantages dans la gestion de l'économie, avantages qui dépassent la simple stabilité de la dette publique.
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Écrit par
- Jean-Marc DANIEL : professeur émérite de sciences économiques, ESCP Europe
Classification
Média
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