DEUXIÈME SONATE POUR PIANO "CONCORD, MASS., 1840-60" (C. Ives)
Publiée par Charles Ives en 1920, la Deuxième Sonate pour piano constitue un défi à l'académisme ; on y trouve en effet toutes les innovations qui jalonnent la musique du xxe siècle : atonalité et polytonalité, polyrythmie, clusters, citations et collages. Chez Ives, cependant, cette démarche relève davantage de la spontanéité que de la transgression délibérée, car, comme il l'explique dans son ouvrage de présentation de sa sonate, Essays Before a Sonata, également publié en 1920, il s'intéresse plus à ce qu'il appelle la « substance » de sa musique (à savoir son contenu spirituel) qu'à sa « manière » (c'est-à-dire les procédés utilisés). Plus qu'une volonté d'épuiser les possibilités formelles et stylistiques, sa musique exprime avant tout la liberté de l'homme, une liberté nourrie de la pensée des transcendantalistes, qui transparaît dans le sous-titre de cette œuvre (Concord, Mass., 1840-60) et dans les titres de ses quatre mouvements (Emerson, Hawthorne, The Alcotts, Thoreau) : les noms de ces écrivains sont associés à Concord, une bourgade des environs de Boston (Massachusetts) qui fut le principal foyer de ce courant de pensée durant le deuxième tiers du xixe siècle. Cette sonate ne sera créée que le 28 novembre 1938, à Cos Cob (Connecticut), par John Kirkpatrick, qui la rejouera le 20 janvier 1939 au Town Hall de New York.
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Écrit par
- Juliette GARRIGUES : musicologue, analyste, cheffe de chœur diplômée du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, chargée de cours à Columbia University, New York (États-Unis)
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