DÉVELOPPEMENT COGNITIF ET CÉRÉBRAL EN CAS DE CÉCITÉ

Conclusions

Les concepts acquis par les personnes voyantes au moyen de la vision semblent pouvoir être acquis par les personnes non voyantes au moyen d’autres modalités sensorielles comme l’audition et le toucher. Les personnes aveugles et voyantes pourraient donc posséder des connaissances similaires, mais le développement de ces connaissances suivrait des trajectoires différentes. Les personnes voyantes et non voyantes seraient par exemple capables de traiter des informations spatiales, mais le feraient en utilisant des cadres de référence distincts.

Au-delà de ces différences conceptuelles, l’étude de la cécité permet également de comprendre comment la prédisposition génétique et l'expérience déterminent conjointement le développement des fonctions cérébrales. Différentes études ont, en effet, montré que les circuits neuronaux initialement dédiés aux processus visuels (le cortex occipital) pouvaient être activés pour traiter d’autres informations sensorielles. Malgré ces constatations frappantes, plusieurs aspects clés des mécanismes sous-tendant la plasticité transmodale restent encore inconnus à l’heure actuelle. Le cortex occipital est-il une structure amodale capable de générer des représentations conceptuelles identiques (abstraites) sur la base d’informations sensorielles différentes (visuelles chez la personne voyante ; tactiles et(ou) auditives chez la personne non voyante) ? Ou, au contraire, permet-il de générer des représentations conceptuelles qui gardent une trace de leur modalité sensorielle originelle ? Quelle est la trajectoire développementale de la plasticité cérébrale ? À quelle période critique du développement et comment se met-elle en place chez l’enfant ? La réponse à ces questions permettra très certainement d’approfondir nos connaissances des principes organisationnels du cerveau humain.