DÉVELOPPEMENT DE LA COGNITION SPATIALE
La capacité de se mouvoir en restant orienté dans l’espace est essentielle pour l’animal car elle détermine sa survie (recherche de nourriture, retour au nid, évitement des prédateurs, etc.). Chez l’homme aussi, cette capacité a une fonction adaptative importante car elle est mobilisée dans la plupart des actes de la vie quotidienne, qu’ils soient simples (rechercher un objet dans une pièce) ou complexes (s’orienter dans un environnement inconnu). La cognition spatiale, domaine des sciences cognitives, analyse la façon dont les organismes mobiles interagissent avec les propriétés spatiales de leur environnement. Elle étudie les processus neurologiques et mentaux impliqués dans l’acquisition, la mémorisation, la récupération et la manipulation des connaissances spatiales. Ces connaissances portent sur des espaces plus ou moins grands. L’espace péripersonnel correspond à la région dans laquelle l’objet peut être atteint directement sans déplacement du corps. L’espace extrapersonnel renvoie à l’étendue dans laquelle l’individu se déplace.
La psychologie du développement participe à l’étude de la cognition spatiale en mobilisant des cadres théoriques et méthodologiques qui lui sont propres. Elle tente d’apporter des réponses aux questions suivantes : quelle est l’origine des connaissances spatiales ? Comment sont-elles codées par l’enfant ? Comment évoluent-elles ?
L’origine des connaissances spatiales
Selon l’approche nativiste, certaines connaissances spatiales ont été intégrées par le système nerveux des organismes mobiles au fil de l’évolution. Elles ne feraient pas l’objet d’un apprentissage et se manifesteraient très tôt chez l’enfant en prenant la forme de connaissances innées. Cette approche s’appuie principalement sur des travaux montrant que l’enfant a une sensibilité précoce aux caractéristiques géométriques de son environnement.
A contrario, Piaget a défendu l’idée selon laquelle l’enfant ne venait pas au monde avec une connaissance préformée de l’espace, mais qu’il construisait progressivement les notions spatiales au travers de son action sur l’environnement. Dans le prolongement de sa théorie, les recherches contemporaines insistent sur l’importance de l’activité de l’enfant dans l’élaboration et le développement des connaissances spatiales. Elles s’inscrivent cependant dans une conception interactionniste du développement, reconnaissant l’existence de bases neurologiques innées qui sont progressivement façonnées par l’expérience.
Il existe différents systèmes de représentation symbolique de l’espace, spécifiques à l’espèce humaine. Une configuration spatiale peut être décrite séquentiellement par l’intermédiaire du langage, ou représentée simultanément sous la forme d’une carte. L’apprentissage progressif par l’enfant de ces systèmes de représentation influence le développement de la cognition spatiale. Les cartes, par exemple, permettent d’élaborer une représentation unifiée de différents lieux qui ne peuvent être explorés que séquentiellement. Elles donnent aussi la possibilité de raisonner sur des espaces géographiques de grandes dimensions.
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Écrit par
- Yannick COURBOIS : professeur de psychologie, université de Lille-III
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