DÉVELOPPEMENT DE LA COGNITION SPATIALE
Quel codage des informations ?
La cognition spatiale s’appuie sur différentes formes de codage des informations basées sur deux types de référentiels. Dans le référentiel égocentrique, la localisation de l’objet est codée en fonction de la position de l’observateur, que celui-ci soit statique ou mobile (« la mairie est à ma gauche »). Dans le référentiel allocentrique, elle est codée en fonction d’un ou de plusieurs objets fixes de l’environnement et ne varie donc pas avec la position de l’observateur (« la mairie est en face de la boulangerie »).
Ces différents systèmes de codage des localisations se mettent en place chez l’humain pendant les deux premières années de vie. Le plus simple mobilise l’apprentissage d’une réponse motrice. Dans ce système égocentrique, la localisation de l’objet est codée au travers de l’action nécessaire pour l’atteindre ou le capter du regard. Présent dès les premiers mois de la vie, son importance décroît avec l’apparition, vers six-sept mois, de l’apprentissage d’indices. Cette forme de codage allocentrique associe la localisation de l’objet avec la présence d’un point de repère visible et contigu.
L’apprentissage de lieux permet de localiser l’objet en l’absence de point de repère contigu. Le codage se fait en fonction de plusieurs points de repère distants qui fournissent un cadre de référence allocentré à partir duquel l’objet est localisé en termes de distances et de directions. Les premières manifestations de ce codage s’observent vers vingt-quatre mois.
L’intégration du chemin permet à l’individu qui se déplace sans aucun point de repère (dans l’obscurité par exemple) d’actualiser sa position dans l’espace en se basant sur des informations sensorielles vestibulaires, proprioceptives et motrices. Cette forme de codage égocentrique est mise en œuvre pour des déplacements simples vers l’âge de douze mois.
Enfin, une information spatiale peut être codée à deux niveaux distincts. Le niveau « métrique » utilise un système de coordonnées qui spécifie la localisation de l’objet en termes de distance et de direction (« la mairie est à 80 mètres au nord de la librairie »). Le niveau catégoriel définit une région de l’espace dans laquelle l’objet se situe (la mairie est dans le centre du village). L’utilisation conjuguée de ces deux formes de codage pour des espaces de petite taille semble présente chez l’enfant dès seize mois.
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Écrit par
- Yannick COURBOIS : professeur de psychologie, université de Lille-III
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Autres références
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