DÉVELOPPEMENT DU HAPPENING SELON ALLAN KAPROW (repères chronologiques)
1922 Projetant la future dissolution de l'art dans la vie, Piet Mondrian écrit : « L'art est déjà en partielle désintégration – mais sa fin serait prématurée. Les conséquences du Néoplasticisme sont effrayantes. » Allan Kaprow prolongera cette intuition.
1943 Quelques années avant qu'Allan Kaprow ne s'en occupe définitivement, Piet Mondrian déclare encore : « Je pense que l'élément destructif est trop négligé en art. »
1945 Kaprow entre à la New York University pour étudier l'art, la littérature, la musique et la philosophie. À cette période, il travaille également comme artiste commercial indépendant et il réalise des illustrations pour des magazines
1947 Jackson Pollock déclare dans un projet adressé à la fondation Guggenheim : « Je crois que la peinture de chevalet est une forme moribonde, et que la tendance va vers le mur ou la peinture murale. [...] Les peintures que je pense réaliser constitueront un état intermédiaire, une tentative d'indiquer la direction de l'avenir, sans complètement l'atteindre. »
1949 Kaprow est fortement impressionné par une exposition de Jackson Pollock à la Betty Parsons Gallery à New York.
1950-1952 Kaprow s'oriente vers l'histoire de l'art et rédige une thèse sur Piet Mondrian sous la direction de Meyer Schapiro, professeur à l'université Columbia. Il fonde la Hansa Gallery à New York.
1952 John Cage organise un événement sans titre au Black Mountain College, regroupant (simultanément et/ou successivement) les peintures blanches de Robert Rauschenberg, le danseur Merce Cunningham, la projection de films et de diapositives, de la musique enregistrée, des programmes radio, de la déclamation de poésie. L'auditoire était placé au centre de ces multiples activités. Comme le racontait Cunningham, « rien ne fut prémédité, et rien d'autre que ce qui arriva sur le moment ne se produisit. Un ensemble complexe d'événements vis-à-vis desquels le spectateur pouvait réagir comme il le souhaitait ».
Juin 1957 Kaprow élabore son premier environnement dans une grange abandonnée de sa résidence du New Jersey.
1957-1958 Kaprow réalise ses premières œuvres qui seront par la suite appelées Happenings (événements). Il cesse d'exposer comme peintre-sculpteur.
1957-1959 Kaprow étudie la musique avec John Cage à la New York School for Social Research Transports ; Kiosk (1957-1959), un petit abri composé de panneaux amovibles, constitue dans sa production une œuvre de transition.
1958 Kaprow publie un article « L'Héritage de Jackson Pollock » (Art News) dans lequel il explique : « Pollock n'a pas fait seulement de magnifiques peintures, il a aussi détruit la peinture. [...] Le choix d'énormes toiles par Pollock servait différents buts, le premier étant que la peinture murale cesse d'exister en tant que peinture pour devenir un environnement. » La même année, il compose de la musique électronique et réalise des décors pour la Eileen Passloff Dance Company à New York. Il compose également une bande-son diffusée dans la Hansa Gallery. Le premier Happening public a lieu au Douglas College, Rutgers University.
Septembre 1959 Une lettre émanant de la galerie Reuben-Kaprow Associates, et envoyée à diverses personnalités du monde de l'art new-yorkais, annonce que « 18 happenings » se produiront en octobre dans cette galerie. Il était mentionné qu'en collaborant avec l'artiste, les éventuels participants deviendraient « part intégrante de l'événement » en même temps qu'ils le vivraient pleinement. « L'événement, concluait l'invitation, utilise un médium que M. Kaprow trouve rafraîchissant de ne pas nommer. »
4, 6, 7, 8, 9, 10 octobre 1959 Le terme « Happening » paraît pour la première sous la plume d'Allan Kaprow dans l'article The Demiurge[...]
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Écrit par
- Hervé VANEL : professeur d'histoire de l'art contemporain à l'université de Brown, Rhode Island (États-Unis)
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