DÉVELOPPEMENT DU TEMPS, psychologie
« Qu’est-ce que le temps ? » C’est la première question qui vient à l’esprit quand on parle du temps. Toutefois, les psychologues laissent débattre les philosophes et les physiciens sur la véritable nature du temps, s’il existe ou pas comme le suggèrent les théories de la relativité d’Einstein. Pour eux, le temps existe nécessairement d’un point de vue psychologique, parce que l’homme en fait l’expérience. Ils étudient alors sa réalité psychologique à travers ses sensations, ses comportements et ses représentations. Aussi, il n’existe pas un seul temps, mais de multiples formes de temps psychologiques, chacune impliquant des mécanismes différents. Parler du développement du temps, c’est donc évoquer l’évolution avec l’âge des différentes formes du temps.
Un sens précoce du temps
Lorsqu’il s’agit de l’évaluation de la durée d’événements ou de l’intervalle temporel entre deux événements, de quelques millisecondes à plusieurs minutes, on parle de perception du temps. La perception du temps n’est pas une capacité spécifique à notre espèce. Les animaux comme les êtres humains sont capables d’estimations temporelles précises. De nombreux travaux expérimentaux ont par ailleurs montré que les estimations temporelles réalisées par l’homme, et par de nombreuses espèces animales, présentent deux propriétés importantes dites « propriétés du temps scalaire ». La première est que les estimations temporelles sont en moyenne précises. La seconde est que la variabilité des estimations temporelles (écart-type) augmente avec la valeur de la durée à estimer. Autrement dit, plus la durée est longue et plus les individus sont variables dans leurs estimations temporelles. Sur la base de ces résultats, les chercheurs ont suggéré que les animaux et les êtres humains partageaient en commun un mécanisme interne de mesure du temps qu’ils ont qualifié d’« horloge interne » (théories du temps scalaire). Il n’existe pas de réel consensus sur les bases biologiques d’un tel système de mesure du temps, celui-ci n’ayant pas été localisé dans le cerveau. Son fonctionnement reposerait en fait sur l'activité oscillatoire d’un ensemble de neurones distribués dans toutes les zones corticales. Quoi qu’il en soit, au moyen de paradigmes de conditionnement au temps ou de tâches de discrimination temporelle, les chercheurs ont montré que le nourrisson est aussi capable d’estimation temporelle précise. De plus, ses conduites temporelles présentent les mêmes propriétés que celles observées chez l’animal et l’homme adulte. Il est donc admis que l’horloge interne à la base de la perception du temps est fonctionnelle dès le plus jeune âge. Cependant, le jeune enfant est plus variable dans ses estimations temporelles que l’adulte. En d’autres termes, il fait preuve d’une moins bonne sensibilité au temps. Bien qu’il existe plusieurs sources de variabilité dans les estimations du temps, il s’avère que la principale source de variabilité proviendrait des capacités attentionnelles limitées du jeune enfant. Il est en effet difficile pour un jeune enfant de maintenir son attention tout au long de l’écoulement des durées. Du reste, les enfants atteints de déficits attentionnels avec hyperactivité éprouvent des difficultés à estimer correctement le temps.
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Écrit par
- Sylvie DROIT-VOLET : professeure des Universités en psychologie, Laboratoire de psychologie sociale et cognitive, CNRS, UMR 6024, université Clermont-Auvergne, Clermont-Ferrand
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