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DÉVELOPPEMENT DU TEMPS, psychologie

L’apprentissage du calendrier

Le calendrier est un système arbitraire et conventionnel de représentation du temps. Ce sont donc les parents et les professeurs qui enseignent à l’enfant cette représentation sociale du temps. L'ordre d'acquisition des éléments du calendrier est le suivant : les jours de la semaine (cinq-six ans), puis les mois de l'année (sept ans), les saisons (sept-huit ans), et enfin les années (huit-neuf ans). Cet ordre dépendrait de l'élargissement avec l'âge du champ conceptuel de l'enfant. Il serait donc plus difficile de concevoir les saisons que les jours de la semaine, parce que ces premières supposent une représentation plus large sur une année complète. Mais une récente recherche canadienne montre que les saisons sont apprises en même temps, voire plus tôt que les jours de la semaine. Il est possible que les saisons, plus marquées au Canada qu'en France, facilitent leur apprentissage.

L’enfant apprend la liste des jours de la semaine, comme celle des mois de l’année, en les récitant par cœur. À quatre ans, il parvient alors à réciter les sept jours de la semaine, mais il ne sait pas pour autant s'orienter dans le temps. Par exemple, malgré l'établissement dès trois ans de la notion « hier », à la question « hier c'était quel jour ? », seulement 26 p. 100 des enfants de cinq à six ans répondent correctement, et 51 p. 100 des enfants de six-sept ans. Pour répondre à la question « quel jour il y a après jeudi ? », ils sont obligés d’énumérer toute la liste des différents jours de la semaine depuis lundi. Il leur est du reste plus facile de rechercher un jour donné dans le sens classique d'énumération des jours de la semaine que dans le sens inverse. Vers huit ans, en plus de cette représentation sous forme verbale, émerge une représentation sous forme imagée plus flexible. Celle-ci permet aux enfants de s'orienter de façon rapide dans la semaine, sans avoir à rechercher dans la liste des jours de la semaine. D'emblée, ils savent s’ils sont au milieu ou à la fin de semaine. À ce niveau, le week-end joue un rôle critique de point de repère dans la semaine, l'identification du jour de la semaine étant d'autant plus rapide que l'on s'approche du week-end.

L’enfant apprend les douze mois de l'année aux alentours de sept-huit ans. Comme pour les jours de la semaine, la représentation initiale des mois se présente sous la forme d’une liste verbale. Puis, au début de l'adolescence, un système de représentation imagée se met en place permettant une orientation approximative dans l'année. Les adolescents deviennent alors capables d'évaluer des intervalles entre deux périodes de l'année et de situer de façon relative différents mois de l'année. Désormais, ils recourent à cette nouvelle forme de représentation qui s'avère particulièrement efficace pour se situer rapidement dans l'année. Toutefois, dès qu'il s'agit d'évaluer un écart précis entre deux mois (« combien de mois y a-t-il entre septembre et janvier ») ils réutilisent la représentation sous forme de liste verbale. Finalement, un enfant âgé de neuf-dix ans maîtrise le calendrier. Il faut néanmoins attendre l'adolescence pour que son utilisation soit aussi flexible que celle de l'adulte. Ceci révèle son extrême complexité. D'ailleurs, c'est seulement à l'âge de onze-douze ans que l’enfant admet son caractère purement arbitraire et qu'il comprend que si nous avançons notre montre d'une heure, nous n'allons pas pour autant vieillir d'une heure.

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Écrit par

  • : professeure des Universités en psychologie, Laboratoire de psychologie sociale et cognitive, CNRS, UMR 6024, université Clermont-Auvergne, Clermont-Ferrand

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