DÉVELOPPEMENT DURABLE
La notion de développement durable, traduction convenue à défaut d'être satisfaisante de l'anglais sustainable development, a été popularisée par le rapport de la Commission mondiale sur l'environnement et le développement, créée en 1983 par l'O.N.U. et présidée par Gro Harlem Brundtland jusqu'en 1987. Elle a été ensuite promue par les Sommets de Rio (1992) puis de Johannesburg (2002). Cette notion constitue une réponse aux deux grands déséquilibres planétaires : une répartition très inégale de la richesse, qu'illustre parfaitement la donne énergétique mondiale (20 p. 100 de la population, soit les trente pays les plus riches, utilisaient encore au seuil du xxie siècle 80 p. 100 de l'énergie non renouvelable annuellement consommée) ; une dégradation dangereuse de la biosphère (imputable à la concentration de gaz à effet de serre, à l'érosion accélérée de la biodiversité, à l'accumulation de polluants divers, etc.) qui compromet le développement et peut-être l'existence même des générations futures. Les rédacteurs du rapport Brundtland (Notre Avenir à tous, 1987) ont défini le développement durable comme « le développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. Deux concepts sont inhérents à cette notion : le concept de besoin, et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis, à qui il convient d'accorder la plus grande priorité, et l'idée des limitations que l'état de nos techniques et de notre organisation sociale imposent sur la capacité de l'environnement à répondre aux besoins actuels et à venir ». Ainsi conçu, le développement durable est censé concilier les trois dimensions suivantes des sociétés humaines : économique, sociale et écologique.
Développement durable et biosphère
La réponse au second des deux déséquilibres, celui qui menace la biosphère, n'est pas la décroissance en général, comme on l'entend parfois. Cette dernière n'a pas plus de sens que l'impératif de la croissance tous azimuts. En effet, la décroissance économique interdirait la réduction de la pauvreté et n'est guère compatible avec les systèmes démocratiques. Il convient, en revanche, de disjoindre le dynamisme de nos sociétés –dynamisme économique, financier, scientifique, technologique, social, politique et culturel – de la croissance des flux de matières et d'énergie qui l'a toujours sous-tendu. C'est effectivement la croissance de ces flux qui met en péril la viabilité, pour l'espèce humaine, de la biosphère. Autrement dit, il convient de réduire le substrat matériel de nos économies en cherchant, en premier lieu, à reproduire, pour les matières, le mode de fonctionnement quasi cyclique des écosystèmes naturels. Tel est l'objectif de l'écologie industrielle, ou économie circulaire, dont le programme a d'ores et déjà donné lieu à de multiples réalisations, tant dans les pays industrialisés que dans les pays émergents, via la valorisation des déchets sous toutes ses formes (valorisation énergétique, recyclage, réutilisation, refabrication) et plus étroitement sous la forme d'écoparcs industriels comme Kalundborg au Danemark, Guigang en Chine ou Kwinana en Australie. La substitution de la vente de l’usage des produits à la vente des produits eux-mêmes, ce que l'on appelle l'économie de fonctionnalité, peut aussi contribuer à cet objectif de disjonction des flux matériels et financiers : la vente des produits eux-mêmes implique leur obsolescence programmée alors que la vente de leur usage peut s'accompagner de leur durée. En vendant non plus des pneus aux flottes de camions, mais un service pneumatique, Michelin peut voir son chiffre d’affaires augmenter tout en réduisant le nombre de pneus vendus[...]
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Écrit par
- Dominique BOURG : professeur à l'université de Lausanne
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