DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET SOCIAL Aide publique au développement
Pour les pays en développement, l'aide accordée par les pays donateurs et les organismes multilatéraux ne représente pas, en valeur, l'apport externe le plus important : à la fin des années 2000, selon les chiffres de la Banque mondiale, le budget de l'aide s'élevait à un peu moins de 140 milliards de dollars, contre 305 milliards de transferts privés des migrants et 354 milliards de flux d'investissements directs étrangers (I.D.E.). Cependant, de nombreux pays très pauvres sont ignorés par les I.D.E. et demeurent ainsi très dépendants de l'aide publique au développement (A.P.D.) qui peut représenter pour les pays les moins avancés jusqu'à 10 p. 100 de leur revenu national. Au-delà de sa dimension purement financière, l'aide s'accompagne le plus souvent de « conditionnalités » contraignantes, qui influencent les politiques de développement nationales, d'où son importance particulière pour les pays en développement.
Le Comité d'aide au développement (C.A.D., instance de l'O.C.D.E. chargée des questions relatives à la coopération avec les pays en développement) définit l'A.P.D. comme l'ensemble des ressources qui sont fournies aux pays en développement par les organismes publics, et qui sont dispensées dans le but essentiel de favoriser le développement économique et d'améliorer le niveau de vie des pays en développement. Pour être comptabilisées dans l'aide, ces ressources doivent également revêtir un caractère de faveur et comporter un élément de libéralité d'au moins 25 p. 100. L'aide publique comprend donc les dons, mais également les prêts dont l'élément don est supérieur à 25 p. 100 de la valeur totale. L'intégralité de la valeur du prêt est alors comptabilisée dans l'A.P.D.
L'A.P.D. est allouée d'État à État, dans le cadre de relations bilatérales, ou par l'intermédiaire d'organisations multilatérales. Les principaux bailleurs de fonds multilatéraux sont la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (F.M.I.), l'Union européenne, les différentes agences des Nations unies, et les banques régionales de développement. L'aide multilatérale représente, depuis 1975, environ 30 p. 100 de l'aide publique totale. Au titre de l'aide bilatérale, les principaux donateurs, en montants absolus, sont les États-Unis, l’Allemagne, la Grande-Bretagne la France et le Japon. Toutefois, les efforts d'aide de ces derniers (respectivement 0,20 p. 100, 0,39 p. 100, 0.56 p. 100, 0,46 p. 100 et 0.18 p. 100 de leur revenu national) restent en deçà des 0,7 p. 100 fixés dans la résolution adoptée en 1970 par les Nations unies. Au sein des pays de l'O.C.D.E., quelques pays seulement (Danemark, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Suède) atteignaient cet objectif en 2011. L'effort d'aide moyen des pays de l'O.C.D.E. a considérablement chuté tout au long des années 1990 pour repasser, en 2003, au dessus de 0,30 p. 100 de leur R.N.B.. Les engagements répétés des différents bailleurs de fonds d'augmenter leur budget d'aide ne sont pas toujours suivis d'effets.
Les montants d'aide reçus par les pays en développement ont ainsi connu de fortes inflexions depuis 1960. Après avoir augmenté en dollars constants de manière continue entre 1960 et 1992, date à laquelle ils atteignent un pic de plus de 65 milliards de dollars, les déboursements d'A.P.D. se sont substantiellement réduits avec la fin de la guerre froide et les pressions budgétaires subies par les pays engagés dans le processus d'union européenne. Cette période creuse, connue sous le nom d’aid fatigue s'est inversée à partir de 1998 et en 2003, les flux d'aide ont ainsi dépassé leur niveau de 1992, pour culminer aujourd’hui à près de 140 milliards de dollars.
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Écrit par
- Lisa CHAUVET : chargée de recherche à l'Institut de recherche pour le développement (C.I.R.D.), centre de recherche D.I.A.L. (Développement, institutions et analyses de long terme)
- Marin FERRY : doctorant en macroéconomie du développement, université de Paris-IX-Dauphine, Laboratoire d'économie de Dauphine, Développement, institutions et mondialisation (LEDA DIAL)
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Médias
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