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DÉVELOPPEMENT ET APPRENTISSAGE DU DESSIN

Apprendre le code graphique de sa culture

Notre faculté à dessiner serait innée (dès les débuts de l’humanité, des dessins sont produits, comme en témoignent les dessins retrouvés dans la grotte Chauvet). Cette faculté serait attestée par la présence de propriétés dites « résistantes » dans le dessin. Ainsi, quel que soit le degré d’exposition des enfants à des modèles graphiques, de valorisation ou d’instruction de l’activité de dessin dans leur culture, tous les enfants présenteraient une tendance naturelle à dessiner et à produire les rudiments du code graphique. À l’inverse, les propriétés dites « fragiles » du dessin, notamment la maîtrise des relations d’occlusion partielle, où un objet est partiellement visible derrière un autre, ou encore la maîtrise de la profondeur et de la perspective graphique nécessiteraient un apprentissage, par observation ou par instruction formelle et la disponibilité de modèles graphiques culturels susceptibles d’être imités. La maîtrise de ces propriétés apparaît à partir de huit-neuf ans et permet l’acquisition d’une certaine fluence graphique. Il est hautement probable que l’enfance constitue une période critique de développement et d’apprentissage du dessin. Ainsi, les enfants n’ayant pas été suffisamment exposés aux modèles graphiques ou n’ayant pas suffisamment pratiqué le dessin au cours de cette période atteindraient la puberté sans avoir acquis un niveau élevé de maîtrise graphique, tout en conservant les rudiments du dessin.

De fait, différentes recherches montrent que la qualité des dessins produits par les enfants varie, d’une part, selon les techniques qui leur sont enseignées et, d’autre part, selon la disponibilité de modèles graphiques externes. Ainsi, les enfants chinois et japonais, qui bénéficient d’un apprentissage formel et soutenu du dessin, montrent une avance dans la qualité des dessins produits par rapport aux enfants anglais ou américains ne bénéficiant pas d’un apprentissage formel de techniques graphiques. Cet avantage serait dû à une plus grande exposition et une plus grande pratique du dessin dans les cultures asiatiques. D’autres études soulignent l’importance de l’exposition à des modèles graphiques culturels : par exemple, des enfants vivant dans des villages isolés d’Égypte ne dépassent guère les rudiments de la figuration graphique, tandis que ceux vivant dans les villes bénéficient de l’exposition à des modèles graphiques et développent davantage leurs capacités de dessin. Les potentialités d’apprentissage graphique de l’enfant dépendent donc largement de l’environnement dans lequel il se trouve et de son caractère plus ou moins stimulant.

— Delphine PICARD

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Écrit par

  • : professeure des Universités, enseignante-chercheuse, membre de l'Institut universitaire de France

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