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DÉVELOPPEMENT MÉTALINGUISTIQUE, psychologie

Pour les psycholinguistes cognitivistes, les activités métalinguistiques constituent un sous-domaine de la métacognition qui concerne le langage et son utilisation. Ce sous-domaine comprend les activités de réflexion sur le langage ainsi que les activités de contrôle conscient et de planification intentionnelle par le sujet de ses propres processus de traitement linguistique (en compréhension ou en production). Cette capacité peut concerner toutes les dimensions du langage : phonologique (métaphonologie, par exemple intervertir les syllabes d’un mot), syntaxique (métasyntaxe, par exemple corriger des fautes d’accord verbal), sémantique (métasémantique, par exemple produire des métaphores), pragmatique (métapragmatique, par exemple manier le sarcasme), etc. Ce type de capacité, qui demande de s’abstraire des contenus communiqués pour s’intéresser aux aspects formels du langage, à son caractère arbitraire ou à ses règles d’usage s’installe progressivement au cours du développement.

Il est ainsi possible d’identifier un premier niveau de contrôle cognitif sur les activités et connaissances langagières (niveau épilinguistique) apparaissant précocement chez l’enfant dès deux ans. Ces habiletés épilinguistiques témoignent du développement langagier de l’enfant et de la structuration des connaissances linguistiques inhérente à ce développement. Ces habiletés sous-tendent les comportements précoces qui prennent le langage pour objet. Elles sont activées spontanément sans que l’enfant prenne conscience des connaissances linguistiques qu’elles mobilisent. Autrement dit, ces connaissances demeurent implicites. Ce sont ces habiletés qui sont en jeu lorsque l’enfant d’âge préscolaire invente spontanément de nouveaux mots (« le répareur »), surgénéralise des formes verbales (« ils sontaient »), réagit à des propos qui lui paraissent mal formulés (« on dit pas comme ça »), ou adapte son langage à son interlocuteur (« parler bébé » en s’adressant à un enfant plus jeune).

La prise de conscience explicite des connaissances linguistiques ainsi mobilisées, autrement dit l'apparition des capacités métalinguistiques, n'est pas automatique. Elle nécessite un effort de réflexion (effort métacognitif) qui n'est pas effectué spontanément par l’enfant. Un contrôle épilinguistique stable et efficace est suffisant pour les échanges verbaux quotidiens, ce n’est qu’en cas de nécessité que l’enfant portera son attention sur les aspects formels du langage. Des incitations externes sont nécessaires à cette prise de conscience. Ainsi, l’émergence de la conscience métalinguistique n'est pas systématique lorsqu’elle n’est pas indispensable. Comme de nombreuses études le suggèrent, seuls les aspects du langage qui nécessitent un traitement attentionnel pour l'accomplissement de tâches linguistiques formelles ou un contrôle conscient des conduites langagières seront progressivement maîtrisés de façon « méta » (c'est-à-dire, consciemment).

Les tâches inhérentes à l'apprentissage de la lecture et de l'écriture jouent fréquemment ce rôle de déclencheur de l’acquisition des compétences métalinguistiques. De nombreuses études ont ainsi montré que les capacités métalinguistiques sont essentielles dans l'apprentissage de la lecture. De fait, cet apprentissage nécessite de la part de l’enfant le développement d’une conscience explicite des structures linguistiques qu’il devra manipuler pour décoder les mots et pour comprendre et produire des textes écrits.

En effet, l’apprentissage de la langue écrite diffère radicalement de l’acquisition du langage oral. Le développement du langage oral est, en partie, sous la dépendance de préprogrammations innées, de processus biologiquement déterminés, qui sont automatiquement activés au contact de l’environnement linguistique[...]

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