DÉVELOPPEMENT PERCEPTIF

Rôle de l’expérience dans le développement perceptif

L’ensemble des recherches expérimentales portant sur la vision des bébés a permis depuis le début des années 2000 de remettre en cause la conception selon laquelle le bébé serait aveugle à la naissance. Néanmoins, même si le bébé est pourvu des éléments du système visuel, aucun n’est achevé. Ceux-ci n’arriveront à une certaine maturité qu’entre douze mois et cinq ans et dépendent de l’expérience visuelle du bébé. Il existe ainsi une période critique pour le développement de la vision de l’enfant qui serait maximale entre la naissance et environ deux ans. Toute anomalie grave et non corrigée de la vision survenant pendant cette période critique est ainsi susceptible d’entraîner des conséquences délétères et irréversibles sur le système visuel.

Le bébé vit donc dans un monde peuplé de stimulations sensorielles visuelles, auditives, tactiles, olfactives qu’il capte et auxquelles il apprend peu à peu à donner un sens. Ainsi, grâce au développement des processus perceptifs ainsi qu’à l’interaction permanente entre perception et action, le bébé devient capable de reconnaître les objets et les stimuli qui l’entourent, même s’il n’en voit qu’une partie, même s’ils sont en mouvement, présentés à l’envers, sous un angle inhabituel ou encore avec une intensité très faible. Garant d’une bonne interaction avec l’environnement, le développement perceptif tient une place prépondérante dans le développement cognitif, moteur et social de l’enfant. Et, au-delà d’une meilleure compréhension des compétences perceptives précoces, reste encore à mieux apprécier comment la perception est un prérequis indispensable à l’émergence de processus cognitifs complexes impliqués dans des domaines aussi variés que la cognition numérique, le raisonnement, la conscience de soi, l’initiation d’actions dirigées vers un but ou encore les interactions sociales.