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DÉVELOPPEMENT PERCEPTIVO-MOTEUR : POSTURES ET ACTIONS

Apercevoir un ami et se diriger vers lui semble être la chose la plus simple et la plus naturelle au monde. Or les séquences perceptives et motrices qui s’enchaînent sont plus complexes qu’il n’y paraît. Il est tout d’abord nécessaire de repérer la position de son ami dans l’espace et d’évaluer sa distance par rapport à soi, détecter si son ami est immobile ou en mouvement. Dans quelle action était-on soi-même engagé quand cet ami est entré dans notre champ visuel ? Si l’on était en train de marcher, il s’agirait de changer de trajectoire et de régler sa vitesse pour permettre la rencontre. Si on était immobile, il faudrait initier brutalement une marche rapide, qui va modifier le centre de gravité du corps et nécessiter des ajustements posturaux afin de ne pas perdre l’équilibre. Ces ajustements rapides de l’action engagée impliquent la coordination précise d’informations multiples en provenance des capteurs sensoriels et des effecteurs musculaires du sujet. En d’autres termes, pour percevoir et agir dans son environnement, le cerveau doit faire appel à différentes sortes de représentations internes.

D’une façon générale, exécuter une action volontaire nécessite un ensemble de représentations qui comprend le schéma corporel, les représentations de l’action à exécuter ainsi que leurs interactions avec l’environnement. Le cerveau utilise de multiples représentations internes pour compenser et accompagner les transformations associées à chaque acte moteur. Cet ensemble de représentations internes permet d’organiser le contrôle moteur de façon anticipée. Le secret d’un geste réussi repose sur l’anticipation de l’action à accomplir, laquelle s’améliore de manière continue jusqu’aux périodes tardives de l’ontogenèse et notamment au cours de l’adolescence. Le schéma corporel se construit sur la base des informations sensorielles utilisées par le corps en interaction dans son milieu. Il présente donc la particularité d’une part, de se construire au cours de l’ontogenèse, et d’autre part, de conserver un pouvoir adaptatif tout au long de la vie grâce à l’apprentissage et à l’acquisition de nouvelles habiletés motrices.

Postures et actions : stabiliser la tête ou le bassin pour mieux agir avec son corps

Le contrôle postural constitue « la colonne vertébrale » d’une motricité harmonieuse et efficace. La posture assure, tout d’abord, une fonction d’équilibre lors de l’initiation et au cours de la réalisation d’une action. Elle sert également de cadre de référence pour organiser efficacement le mouvement. À cet égard, deux segments : la tête et le bassin sont privilégiés pour assurer un contrôle de l’équilibre optimal au cours de la réalisation de multiples actions. La tête est le segment porteur des capteurs visuels et vestibulaires, qui sont tous deux particulièrement impliqués pour détecter et corriger les déséquilibres subis par l’ensemble du corps. Ainsi, dans le cas d’une perturbation de l’équilibre, provoquée par exemple lors d’une marche sur un support étroit ou par le maintien de la station verticale sur la pointe des pieds, il est important de stabiliser au mieux la tête, pour favoriser un traitement optimum de ces capteurs.

Au cours de la première année de vie, la maturation posturale est conçue comme une verticalisation progressive et céphalo-caudale des différents segments du corps jusqu'à l'obtention finale de la station debout. Très tôt, le bébé présente des réactions de redressement de la tête en réponse à des mouvements brusques qu’il peut rencontrer. Ce comportement compensateur vise à restaurer l'orientation de la tête sur la verticale gravitaire. Cette acquisition est fondamentale, car le segment céphalique est un maillon essentiel dans la chaîne posturale. Il permet l'orientation dans l'espace et constitue, par sa stabilisation, la base indispensable d’une[...]

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