DÉVELOPPEMENT PERCEPTIVO-MOTEUR : POSTURES ET ACTIONS
Schéma corporel : une approche neurosensorielle
Le schéma corporel est une représentation interne de la géométrie du corps, de sa dynamique et de son orientation par rapport à la verticale ou à des repères de l’environnement. Le schéma corporel intègre aussi l’orientation relative des différents segments anatomiques entre eux. Du point de vue neurobiologique, le schéma corporel présente une organisation supramodale se nourrissant des afférences en provenance des modalités sensorielles proprioceptive, tactile et visuelle. Plus, précisément, ces afférences donnent lieu à des représentations internes primaires du corps dans l’espace, qui sont ensuite assemblées en une représentation résultante unique, rendue plus cohérente du fait de la fusion des informations sensorielles. Parmi ces modalités sensorielles, la proprioception, ou perception de son propre corps, en renseignant directement sur la position et la dynamique des segments corporels, est la modalité la plus importante dans l’élaboration du schéma corporel. La proprioception résulte d’une intégration de différentes informations provenant des récepteurs articulaires et musculaires situés sur l’ensemble du corps. Elle contribue ainsi à la connaissance des parties du corps, de leurs mouvements et de leurs positions.
D’importantes avancées ont récemment été réalisées quant aux réseaux cérébraux qui sous-tendent le schéma corporel chez l’adulte, via l’étude des illusions de mouvement générées par stimulation musculo-tendineuse des afférences proprioceptives. L’implémentation neurale du schéma corporel est complexe, mettant en jeu des régions classiquement en charge de la planification et de l’exécution motrice (cortex moteur et prémoteur, cortex somatosensoriel, aire motrice supplémentaire, cervelet) ainsi que des régions impliquées dans des fonctions plus cognitives telles que l’intégration et le contrôle des représentations mentales (cortex fronto-pariétal).
Outre une fonction motrice évidente, le schéma corporel contribue pleinement aux processus cognitifs permettant l’interprétation des actions d’autrui et les interactions sociales, par les liens étroits qu’il entretient avec le couplage perception/action et la communication avec l’environnement. De ce fait, le schéma corporel se retrouve au cœur de théories contemporaines de la cognition sociale telles que la théorie de la motricité incarnée ou encore la théorie de l’esprit. Cette idée n’est pas vraiment nouvelle puisque Piaget (1896-1980) voyait déjà dans la formation de représentations motrices internes un substrat cognitif à l’élaboration de modèles perceptifs du monde extérieur.
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Écrit par
- Christine ASSAIANTE : directrice de recherche en neurosciences au CNRS
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