DÉVELOPPEMENT PERCEPTIVO-MOTEUR : POSTURES ET ACTIONS
Perception du mouvement humain et couplage perception/action
La perception des mouvements biologiques, tels que les mouvements réalisés par des humains ou des animaux par opposition à des mouvements produits de façon aléatoire ou par des robots, est une capacité innée, mise en évidence chez le nourrisson. En revanche, la perception et la reconnaissance visuelle des mouvements humains se construisent au cours de la vie et nécessitent des représentations sensori-motrices pour permettre une identification fine des actions perçues. En effet, la théorie du couplage perception/action fait l’hypothèse de mécanismes centraux, comme le système des neurones miroirs, pour attester d’un lien fonctionnel entre les représentations sensorielles sollicitées lors de la perception d’une action et les représentations motrices utilisées lors de la planification de l’action. Ce couplage jouerait un rôle important dans les processus d’imitation et dans les apprentissages sensori-moteurs qui jalonnent le développement du jeune enfant. En effet, il a été mis en évidence que la reconnaissance des mouvements humains est meilleure lorsque les mouvements respectent les lois de la biomécanique du corps, par exemple des inclinaisons du tronc vers l’avant plus amples que les inclinaisons vers l’arrière, ou que les activités proposées visuellement sont déjà présentes dans le répertoire moteur du sujet. Autrement dit, le sujet semble mieux percevoir les activités motrices qu’il sait faire. Néanmoins, l’apport des seules informations visuelles reste majeur, car il a été rapporté dans une étude de cas qu’un sujet dépourvu à la naissance de ses deux membres antérieurs est néanmoins capable d’interpréter sans difficulté les actions réalisées par autrui.
En conclusion, une des fonctions essentielles de la motricité est de permettre le dialogue entre l’individu et son milieu, notamment au travers des entrées sensorielles, et ceci dès la naissance. Le couplage précoce perception/action est un atout de choix pour le développement de l’action, de la perception et de la représentation de l’action, y compris dans sa dimension sociale. En manipulant les informations proprioceptives et visuelles, il est possible d’explorer la lente maturation des représentations sensori-motrices et du schéma corporel, ce qui explique que le développement perceptivo-moteur évolue jusqu’à des âges avancés de l’enfance et de l’adolescence. Les récentes études développementales en imagerie cérébrale fonctionnelle sont très prometteuses pour mieux comprendre les processus adaptatifs des représentations internes dans un corps et un cerveau qui se transforment.
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Écrit par
- Christine ASSAIANTE : directrice de recherche en neurosciences au CNRS
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