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DÉVELOPPEMENT, psychologie interculturelle

La différenciation culturelle du développement

La différenciation culturelle du développement psychologique a pu être montrée sur de nombreux aspects. Depuis le fameux projet des six cultures, mené sous la direction de Beatrice B. et John W. M. Whiting – cette recherche a comparé la socialisation des enfants dans six groupes culturels : en Inde, aux États-Unis, au Japon, aux Philippines, au Mexique, au Kenya –, les chercheurs se sont efforcés de décrire systématiquement les activités quotidiennes des enfants. Les procédures utilisées consistent soit à suivre quelques enfants tout au long de la journée et à noter ce qu’ils font, soit à réaliser des observations ponctuelles selon un programme prédéterminé d’échantillonnage temporel représentatif. On observe alors que les types d’activités et leur fréquence varient énormément selon les groupes. Les occasions d’exercice sont ainsi très différentes. Dans les sociétés traditionnelles, les enfants sont occupés très jeunes à des activités utiles à la communauté (aller chercher de l’eau, ramasser du bois, jardiner, aller faire des courses, etc.). Souvent, ils ont la charge de veiller sur des enfants plus jeunes, ce qui est encore plus répandu concernant les filles. Mais ils participent également à des jeux et à des activités en interaction avec leurs camarades de même âge.

Les interactions sociales entre le bébé et son entourage (principalement la mère) ont été particulièrement étudiées. Sur ce thème, on a souligné la variabilité culturelle des pratiques éducatives et des pratiques de soin : les différentes façons de porter les enfants, de les manipuler, de les toiletter, de les masser éventuellement. Des différences apparaissent aussi dans l’ environnement social des bébés : dans de nombreuses cultures, ils ne sont jamais laissés seuls, on répond systématiquement à leurs demandes et ils dorment avec leur mère de façon habituelle et normale.

L’âge de l’enfance est aussi celui de l’acquisition des compétences utiles à la communauté. Des recherches ont montré selon quelles modalités et selon quelles contraintes développementales les transmissions éducatives s’effectuent dans les sociétés traditionnelles. Par exemple, Patricia Greenfield et Carla Childs ont observé comment les jeunes filles d’un village du Chiapas (Mexique) apprennent les patterns traditionnels du tissage. Elles ont aussi noté, plusieurs années après, comment les traditions culturelles avaient évolué de façon innovante. Ce type de recherche est essentiel pour apprécier les compétences cognitives spécifiquement acquises par l’exercice des activités traditionnelles.

En résumé, le concept de niche de développement, élaboré par Sara Harkness et Charles Super fournit un cadre théorique général pour l’analyse des différences culturelles. L’idée de base est que toute société repère et distingue des âges de l’enfance (par exemple les bébés, puis les jeunes enfants, puis les enfants à partir de six ans, etc.). Les bornes temporelles peuvent différer selon les cultures, mais toute culture régule l’environnement social, physique et éducatif de chaque période d’âge. Ces périodes constituent de ce fait des « niches de développement ». Ainsi, en progressant d’une niche à l’autre, l’enfant acquiert, d’une manière largement implicite, les compétences, les représentations et les modes de vie de son groupe d’appartenance. Cette analyse a été en particulier appliquée par les auteurs à des observations menées à l’époque auprès des Kipsigis du Kenya.

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Écrit par

  • : professeur émérite, université de Montpellier-III-Paul-Valéry

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