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DÉVELOPPEMENT SOCIAL, psychologie

La vie sociale et l’homme sont inséparables. Chez les mammifères, les congénères sont indispensables à la survie du nouveau-né. Chez l’homme, dont l’immaturité à la naissance est la plus grande, ils sont en outre les médiateurs du milieu social qui constitue l’environnement de formation de l’organisation psychique. Les adultes ont le plus souvent une motivation et une capacité à prendre en charge les nouveau-nés (la « préoccupation maternelle primaire ») et à les engager rapidement dans des activités coopératives dès le plus jeune âge, par exemple sous la forme des dialogues préverbaux.

Réciproquement, le nouveau-né est d’emblée équipé pour interagir. Il est sensible à la voix, traite la parole, reconnait les visages familiers, est capable d’échanges émotionnels complexes (intersubjectivité). Dès la fin de la première année, il repère des « agents » dans son environnement et, confronté à une situation ambiguë, il va chercher auprès d’autrui des indices évaluatifs avant d’agir (par exemple avant de s’aventurer sur une vitre au-dessus d’une « falaise visuelle »).

L’enfant n’est pas seulement un récepteur sensible aux expériences sociales, il en est aussi l’un des acteurs. En réponse à autrui ou de sa propre initiative, il manifeste des conduites qui répondent à différents aspects des situations sociales et contribuent à les modifier. Ces conduites sont très diverses en termes de niveaux (de la réaction émotionnelle immédiate à la stratégie machiavélique), de buts (dirigé vers autrui, une institution, ou des valeurs) et de valence (pro ou anti sociales).

Nous nous intéresserons ici aux conduites qui sont dirigées vers autrui avec une valence positive ou négative pour deux grandes raisons : d’abord parce qu’elles sont les outils immédiats de l’enfant acteur social, ensuite parce que les recherches dédiées à ces conduites ont renouvelé nos connaissances. Au plan empirique, elles ont donné lieu à de grandes enquêtes longitudinales permettant de modéliser des trajectoires au sein d’une population. Au plan conceptuel, elles ont fait l’objet d’analyses plus puissantes du traitement des états mentaux et, plus largement, des informations sociales.

Nous considérerons successivement les conduites prosociales et les conduites agressives (« antisocial » serait l’antonyme, mais ce terme est trop large, car il inclut souvent des conduites « indésirables socialement » mais non orientées vers autrui de façon primaire).

Les conduites prosociales

Elles comportent une « ouverture » vers autrui et une propension à entreprendre des tâches de façon coopérative. Elles témoignent d’une sensibilité du jeune enfant aux besoins, émotions et intentions d’autrui. Ainsi, dans le courant de la seconde année, la plupart des enfants montrent une propension à accepter d’être enrôlés dans des tâches coopératives et souvent même à accepter que l’adulte s’oppose à une de leurs entreprises (« compliance »). Dans une enquête portant sur 2 000 enfants, deux tiers des enfants de dix-sept mois et la quasi-totalité des enfants de vingt-neuf mois ont manifesté une conduite positivement orientée vers autrui, telle que consoler un autre enfant. Ces conduites apparaissent donc très tôt, mais leur évolution ultérieure n’est pas monotone : elles se raréfient de trois à six ans, leur persistance étant plus grande chez les enfants qui les ont manifestées le plus tôt. L’attrition correspond à un contrôle plus étroit par l’enfant des bénéficiaires de ses conduites prosociales : il réconforte plus facilement quelqu’un qui s’est fait mal que quelqu’un qui vient de se faire gronder, ce qui implique des changements dans les processus d’interprétation des conduites et des états mentaux d’autrui. De sept à onze ans, les conduites d’aide demeurent stables, les conduites de partage diminuent, et la fréquence des conduites de coopération ou de soutien est curvilinéaire.[...]

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  • CONFLITS SOCIAUX

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    • 15 439 mots
    • 8 médias
    Le conflit de classes oppose une « base » d'agents économiques à ceux qui contrôlent l'emploi des ressources investies dans un projet de développement social. La base sociale défend, d'un côté, sa consommation, son présent particulier contre l'investissement pour un au-delà, mais aussi s'oppose...