DIABÈTE
Le diabète sucré est un état pathologique caractérisé par une concentration excessive de glucose (sucre) dans le sang. Environ 6 p. 100 de la population mondiale était touchée par le diabète en 2014, soit 415 millions de personnes, c’est-à-dire un habitant de la Terre sur seize. En 2015, on a dénombré un décès toutes les six secondes en rapport avec le diabète sur la planète. L’impact du diabète est lourd pour les patients et la santé publique puisqu’il représente la première cause acquise de perte de la vue, d’insuffisance rénale nécessitant un rein artificiel ou une greffe et d’amputation de membre. En l’absence de mesures prises pour réduire sa survenue, 642 millions de personnes pourraient être concernées en 2040. L’excès de poids et la sédentarité associés à l’occidentalisation du mode de vie sont des déterminants majeurs de l’éclosion du diabète chez les sujets génétiquement prédisposés. Le changement des habitudes alimentaires et du mode de vie par l’éducation des populations, le dépistage précoce des sujets à risque ou porteurs de la maladie, le développement des moyens thérapeutiques associé à l’éducation thérapeutique et au suivi renforcé des malades visant le retour à une glycémie proche de la normale constituent les défis majeurs à relever pour inverser la courbe de progression du diabète et en réduire les conséquences. La recherche médicale a effectivement démontré l’efficacité du contrôle précoce du diabète sur la prévention des complications qui en font la gravité.
Critères et classification internationale du diabète sucré
Une soif inextinguible (polydipsie) et une perte urinaire excessive (polyurie) constituent les deux grands signes cliniques associés rapportés par les médecins de l’Antiquité. Dans sa Grande Chirurgie (rédigée en 1363, puis modifiée au fil des nombreuses rééditions), Guy de Chauliac désigne ce double symptôme par le nom de diabète (en grec, littéralement « qui passe à travers »). Le caractère sucré de l’urine du diabétique est reconnu vers 1670, et le terme de diabète sucré défini dans les dictionnaires de médecine en 1833, tandis que le sucre en question est identifié au glucose en 1838. Ce critère le sépare du diabète insipide, marqué par une polyurie sans sucre urinaire. L’année suivante, on démontrait que la teneur du sang en glucose (glycémie) était plus élevée chez le diabétique. La fuite urinaire de glucose traduisait ainsi l’excès de ce dernier dans le sang. Il faut attendre cinquante ans de plus pour que soit démontré que le pancréas joue un rôle déterminant dans le contrôle de la glycémie et 1921 pour que la substance pancréatique régulatrice soit identifiée à l’insuline, une hormone protéique sécrétée par les cellules bêta des îlots de Langerhans du pancréas. L’insuline est hypoglycémiante : elle diminue le taux de glucose sanguin. D’autres hormones comme le glucagon sont, à l’inverse, hyperglycémiantes. Si le schéma formel de la régulation de la glycémie paraît simple avec ses acteurs bien identifiés, il n’en est pas de même des nombreuses manifestations cliniques et de la prise en charge de cet état pathologique.
Valeurs significatives de la glycémie
Le diabète sucré est défini par une élévation permanente de la glycémie. Les critères biochimiques permettant d'en porter le diagnostic ont été révisés en 1997 afin de prendre en compte les seuils de glycémie associés à la survenue de complications spécifiques. On s’appuie sur le dosage de la glycémie à jeun sur plasma veineux (après au moins huit heures de jeûne), de pratique facile pour porter le diagnostic de diabète : une valeur supérieure ou égale à 126 milligrammes par décilitre (mg/dl) – soit 7 mmol/l – affirme le diagnostic de diabète sucré si cette valeur est confirmée par un second dosage. Si la glycémie à jeun est comprise entre 100 et 125 mg/dl,[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Éric RENARD : professeur des Universités, praticien hospitalier, coordinateur du département d'endocrinologie, diabète, nutrition au Centre hospitalier régional universitaire de Montpellier
Classification
Médias
Autres références
-
ACIDOCÉTOSE
- Écrit par Geneviève DI COSTANZO
- 393 mots
Acidose métabolique due à l'accumulation d'acides cétoniques non volatils, consécutive soit à un état pathologique (perturbations de la cétogenèse par diminution du taux sanguin d'insuline : cas du diabète maigre juvénile), soit à une carence d'apport de glucides...
-
ATHÉROSCLÉROSE
- Écrit par Loïc CAPRON
- 5 356 mots
- 1 média
...aujourd'hui le mieux établi dans l'athérosclérose est le cholestérol : on diminue le risque de la maladie coronaire en traitant l'hypercholestérolémie. Diabète et hypertension artérielle ont accédé plus récemment au rang d'authentiques facteurs de risque : ce sont des anomalies dont la correction améliore... -
BANTING FREDERICK GRANT (1891-1941)
- Écrit par G. MAHEU
- 302 mots
- 2 médias
Médecin canadien à qui l'on doit la découverte du rôle de l'insuline dans le traitement du diabète, sir Frederick Banting, né au Canada, fit ses études à l'université de Toronto. On connaissait déjà l'existence des hormones (Jokichi Takamine avait isolé l'adrénaline...
-
CÉTOGENÈSE
- Écrit par Pierre KAMOUN
- 548 mots
Ensemble des mécanismes biochimiques qui aboutissent à la formation, par le tissu hépatique, de corps dits cétoniques.
Les corps « cétoniques » sont décelés en pratique médicale grâce à des réactions plus ou moins spécifiques dont les plus connues sont les réactions de Legal ou de...
- Afficher les 28 références