DIACRE
Depuis le début de l'Église, le diaconat est, avec l'épiscopat et le presbytérat, l'un des trois ministères conférés par ordination sacramentelle. Il est difficile de lui assigner un texte de fondation dans l'Écriture. On ne voit pas que Luc ait interprété en ce sens l'institution des « sept » dans Actes vi. D'ailleurs, le mot diacre (du grec diaconos, « serviteur ») est absent de l'œuvre de Luc, ainsi que des épîtres « catholiques » et de l'Apocalypse. Chez Paul, où il est courant, il ne semble pas désigner ce ministère spécifique que l'on retrouve dans la trilogie postérieure. C'est, en revanche, déjà probablement le cas dans I Timothée, iii, 8 et 12.
À l'époque patristique, le ministère diaconal comporte essentiellement plusieurs fonctions, et d'abord un important rôle de bienfaisance : dans la communauté chrétienne, il revient aux diacres d'accueillir les étrangers, de visiter les malades, de soutenir les orphelins, les veuves, les pauvres ; à cette fin, ils gèrent les finances de l'Église et répartissent les offrandes faites par les chrétiens à la liturgie. Le service des frères et le service de l'autel apparaissent très liés, la communion eucharistique et la communion fraternelle étant indissociables. Ensuite, dans son rôle liturgique, le diacre veille à l'animation et au bon ordre de l'assemblée, recueille et partage les dons, lit les noms des chrétiens recommandés à la prière (diptyques), assiste l'évêque lors de la communion. Ce service liturgique inclut également le baptême. Enfin , le diacre reçoit le ministère de la parole, qui ne sera reconnu que beaucoup plus tardivement aux presbytres. C'est là un indice, parmi d'autres, qui montre que le diacre n'est pas un aide du prêtre, auquel il serait inférieur, mais qu'il détient un ministère original, en relation directe avec celui de l'évêque, dont il est un collaborateur immédiat pour le bien de l'Église. C'est d'ailleurs parmi les diacres que les évêques sont généralement élus à l'époque.
Pour des raisons liturgiques (introduction de la messe privée), financières (obligation de faire vivre le diacre sur la caisse de l'Église) et théologiques (élaboration de la théologie médiévale des ministères en fonction des pouvoirs sacramentels — or le diacre n'en recevait pas), le diaconat perdit progressivement de son importance. Il survivait seulement comme une étape transitoire sur le chemin du presbytérat, à la veille de Vatican II, qui décida de le restaurer comme ordre permanent pouvant être conféré même à des hommes mariés (l'interdiction de se remarier en cas de veuvage demeure inscrite dans le Code de droit canonique).
Qu'attendait-on de cette restauration ? Les uns y virent un moyen de suppléer au travail pastoral des prêtres trop peu nombreux, les diacres pouvant baptiser, porter le viatique aux mourants, présider aux mariages et aux funérailles notamment. Pour d'autres, l'intérêt de cette mesure résidait dans l'introduction de ministres mariés dans l'Église catholique, au moment où la loi du célibat ecclésiastique était battue en brèche et semblait représenter un obstacle pour l'accès au presbytérat. Un troisième groupe y voyait essentiellement une fidélité plus grande de l'Église à sa vocation de service, les diacres devant stimuler le service chrétien dans le monde et montrer par leur pratique que dans le christianisme on ne saurait séparer le sacrement de l'autel du sacrement de la fraternité. Il est difficile de se prononcer sur l'avenir de ce nouveau diaconat qui prend peu à peu son essor (ainsi y avait-il en France près de mille diacres permanents, à la fin de 1994).
Un point est objet de controverse : l'Église ancienne avait ordonné sacramentellement[...]
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Écrit par
- Hervé LEGRAND : professeur honoraire à l'Institut catholique de Paris
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