Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

DIADORIM, João Guimarães Rosa Fiche de lecture

Entre mythe et réalité

Par son ambivalence, le personnage de Diadorim nous renvoie au mythe de l'androgyne, de l'être total. Diadorim réunit toutes les vertus d'un guerrier et la beauté parfaite d'une jeune femme. Ainsi, l'univers romanesque est traversé par le principe de la coincidentia oppositorum, qui traduit le désir d'annulation des contraires en faveur d'un monde harmonique. L'impossibilité de l'accomplissement de ce désir est figurée par l'histoire amoureuse entre Riobaldo et Diadorim. Un amour rendu impossible par le destin tragique du personnage contraint de porter le masque de guerrier « Maria Deodorina da Fé Bettancourt Martins – qui naquit avec le devoir de guerroyer et de ne jamais avoir peur, et pour en outre beaucoup aimer, sans avoir droit à jouir de l'amour... ». Ce n'est qu'au moment de la mort de Diadorim, à la suite de l'affrontement final avec Hermógenes, que Riobaldo découvre la vraie identité de ce guerrier aux yeux verts. L'instant de la révélation est aussi celui de la perte irréparable : « Elle dit. Et je sus. Ce que tout le temps qui a précédé, je ne vous ai pas raconté – et ne m'en veuillez pas : – mais afin que vous découvriez avec moi, d'égal à égal, l'exacte âpreté d'un pareil secret, et appreniez seulement à l'instant ce que moi aussi j'ai appris seulement alors... Que Diadorim était un corps de femme, une jeune fille dans sa perfection... je restai atterré. La douleur ne peut pas plus que la surprise. Un coup de crosse. »

Au terme de ce parcours à travers le sertão-monde, au cours duquel le narrateur-protagoniste essaie d'ordonner dans une totalité intelligible les multiples facettes du réel, c'est un monde insoupçonné que le lecteur découvre après avoir accompli lui aussi sa propre traversée.

— Rita OLIVIERI-GODET

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : maître de conférences, département d'études des pays de langue portugaise, Université de Paris-VIII

Classification

Autres références

  • BRÉSIL - La littérature

    • Écrit par , , et
    • 12 169 mots
    ...mais aussi avec l'appropriation de la langue et de l'imaginaire populaires, la matrice littéraire régionaliste a continué à porter bien des fruits. Ce courant fut transcendé par João Guimarães Rosa (1908-1967) et son roman total, Grande sertão : veredas (Diadorim, 1956). La vaste ambition de l'auteur...