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DIALOGUES DES CARMÉLITES (F. Poulenc)

L’ opéra Dialogues des carmélites de Francis Poulenc, en trois actes et douze tableaux reliés par de brefs interludes, connut une genèse singulière. En 1953, le compositeur est en voyage en Italie. Lors d’une rencontre avec le directeur de la maison d’édition italienne Ricordi, Guido Valcarenghi, ce dernier lui suggère d’écrire un opéra sur le thème de la foi et de faire appel à l’écrivain catholique Georges Bernanos. Quelques jours après son entrevue, Poulenc trouve dans une librairie de Rome les Dialogues des carmélites de Bernanos. Il est immédiatement conquis.

La pièce relate l’histoire des carmélites de Compiègne pendant la Révolution. En 1790, l’Assemblée nationale constituante supprime les vœux de religion. On vient alors libérer les religieuses : « Vous pouvez maintenant, sans crainte, rentrer dans le sein de vos familles, et jouir enfin du bonheur que l’on a voulu vous ravir en vous renfermant dans ce triste séjour. » Les carmélites refusent. Elles sont alors condamnées à mort et guillotinées.

Une nouvelle de la romancière allemande Gertrud von Le Fort a servi de point de départ à Bernanos. Dans cette nouvelle, Die leztzeamSchafott (La Dernière à l’échafaud, 1931),le personnage de Blanche de la Force est complètement inventé. En 1947, le révérend Bruckberger et Philippe Agostini tirent un scénario de film de ce récit. Bernanos est chargé d’écrire les dialogues, mais son écriture est jugée peu cinématographique (le projet ne verra le jour qu’en 1960). Après la mort de l’auteur, son exécuteur testamentaire, Albert Béguin, publie ces dialogues puis les porte à la scène au Théâtre Hébertot, à Paris, le 23 mai 1952.

Francis Poulenc - crédits : Ron Burton/ Hulton Archive/ Getty Images

Francis Poulenc

C’est donc en mars 1953 que Francis Poulenc découvre l’œuvre de Bernanos. Immédiatement, il décide de mettre le texte en musique. Il reçoit une commande officielle de la Scala de Milan. La composition de l’opéra commence en août 1953 et s’achève en septembre 1955. L’orchestration est terminée au mois de juin 1956.

La première mondiale a lieu en langue italienne, à la Scala de Milan, le 26 janvier 1957, sous la direction de Nino Sanzogno, avec Virginia Zeani (Blanche de La Force), Leyla Gencer (la Nouvelle Prieure), Gigliola Frazzoni (mère Marie de l'Incarnation), Eugenia Ratti (sœur Constance de Saint-Denis) et Fiorenza Cossotto (sœur Mathilde) dans les rôles principaux. La première en France, et en français, a lieu le 21 juin de la même année, à l’Opéra de Paris, sous la direction de Pierre Dervaux, avec Denise Duval (Blanche), Régine Crespin (la Nouvelle Prieure), Rita Gorr (mère Marie) et Liliane Berton (Constance), entre autres interprètes.

Argument

L’action se déroule à Paris et au couvent des carmélites de Compiègne pendant les premières années de la Révolution française, entre avril 1789 et l’été de 1794.

Acte I

À Paris, une jeune noble, Blanche de la Force (soprano), annonce à son père, le marquis de la Force (baryton), et à son frère, le Chevalier (ténor), sa décision d’entrer au couvent des carmélites. À Compiègne, Blanche supplie la Prieure (contralto) de l’admettre au couvent. Elle se lie d’amitié avec une jeune novice, Constance (soprano), qui lui confie une vision qu’elle a eue : elles mouraient ensemble. La Prieure sent arriver ses derniers jours et confie à Blanche son angoisse pour l’avenir du couvent en général et le sien en particulier.

Acte II

Dans la chapelle du couvent, Blanche et Constance veillent la défunte Prieure. Blanche veut fuir, mais mère Marie de l’Incarnation (mezzo) s’y oppose. Blanche et Constance s’interrogent sur la mort de la Prieure. Une Nouvelle Prieure (soprano) remplace la défunte. Elle rappelle l’unique véritable devoir des carmélites : la prière. Venu lui rendre visite, le frère de Blanche lui reproche d’être entrée dans les ordres par manque de courage et tente de la reprendre au couvent. La Révolution est à[...]

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Écrit par

  • : musicologue, analyste, cheffe de chœur diplômée du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, chargée de cours à Columbia University, New York (États-Unis)

Classification

Média

Francis Poulenc - crédits : Ron Burton/ Hulton Archive/ Getty Images

Francis Poulenc