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DIAPASON

Dans la théorie de l'ancienne musique grecque, diapason désignait l'intervalle d'octave. Non seulement cette acception a tout à fait disparu, mais le sens actuel de ce terme semble n'en être aucunement dérivé. Apparemment, on a tiré du mot grec ancien l'idée d'une norme permettant à tous les instruments de s'accorder à même hauteur pour pouvoir jouer ensemble. « Diapason » a donc désigné vers 1690 un instrument qui permet à tous les autres, en faisant entendre une note témoin, de s'accorder uniformément sur cette note. Par dérivation, celle-ci étant habituellement le la 3, on en est venu à parler de « la du diapason », puis de « diapason » tout court. Mais ce n'est qu'au terme d'une lente évolution que la note témoin a pris la valeur normalisée qu'on lui attribue aujourd'hui, et qui reste d'ailleurs beaucoup plus théorique que réelle.

Avant le diapason

Les musiques anciennes, comme les primitives, ignorent la notion de diapason. Le chanteur chante à sa hauteur de voix, l'instrumentiste fabrique ou accorde son instrument selon des méthodes empiriques. Les intervalles sont l'objet de soins jaloux, non le choix du son initial. La notion de hauteur absolue se ramène surtout à une préoccupation de tessiture : un chant « aigu » entonné en « voix de tête » n'a pas le même caractère qu'un chant « grave » entonné en « voix de poitrine » ou qu'un chant « moyen » pris en « voix de gorge ». Cette classification en trois « registres » apparaît très tôt et tient lieu pour longtemps de « diapason ». Associée à des types mélodiques particuliers, elle est peut-être à l'origine de la classification de la musique grecque ancienne en trois « tons » fondamentaux : le lydien aigu, ton des lamentations, le phrygien moyen, ton des exhortations guerrières, le dorien grave, ton des hymnes religieuses et des chants lents et dignes. Plus tard, cet échelonnement des trois tons fondamentaux fut codifié (on en fixa la distance à un ton l'un de l'autre) et complété par d'autres tons dont l'histoire est mouvante : échelonnés les uns par rapport aux autres, ils portèrent tous des noms et atteignirent à l'époque alexandrine le nombre de quinze, mais ne comportèrent jamais la moindre référence à un point de départ absolu.

Ce point de départ absolu, seuls, semble-t-il, les anciens Chinois et Japonais tentèrent de le capter, les premiers en construisant des instruments témoins, ou liu, cloches ou tubes de bambou conservés au palais impérial, les seconds en fixant des mensurations précises de longueur et de perce à des tubes de flûtes. Mais cette précaution était limitée à la musique rituelle ; hors de celle-ci, la hauteur relative régnait.

Le Moyen Âge ignora toute notion de diapason. La notation musicale, qui se développa rapidement à partir du ixe siècle, ne désignait que des rapports d'intervalles sans hauteur absolue. Les instruments étaient accordés aux hauteurs les plus arbitrairement différentes. Lorsqu'il y avait deux orgues dans une église, celui du chœur était normalement accordé plus bas que celui de la tribune, l'un étant destiné au solo, l'autre ne devant pas fatiguer la voix des chantres qu'il avait pour mission de soutenir : cet usage demeura en vigueur jusqu'au xviiie siècle et quelquefois même au-delà.

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Écrit par

  • : ancien directeur de l'Institut de musicologie de l'université de Paris

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