DIAPASON
La transition
Alors que jusqu'au xviiie siècle l'usage des syllabes resta totalement indépendant de la hauteur réelle, par celui des « clefs », c'est-à-dire des touches du clavier (et par analogie de l'accord ou des doigtés des autres instruments), on semble avoir recherché à partir du début du xviie siècle, non pas encore une hauteur réelle définie, mais du moins une certaine zone commune de tessiture. Cela se fit progressivement et a laissé des traces néfastes jusque dans nos usages actuels. Pour certains instruments, principalement à vent, on prit l'habitude d'appeler do, quelle qu'en soit la fréquence, la note de base servant à leurs doigtés, de sorte qu'une même note était par exemple appelée do pour un hautbois et fa pour un cor anglais, ou encore do pour une trompette et ré pour une autre. Cette sottise est encore en vigueur ; on s'est borné à la formuler différemment en disant qu'en ce cas la trompette « est en ré » et qu'elle « transpose », ce qui n'était pas du tout la notion ancienne.
La multiplication des instruments à clavier d'une part, des « bandes » ou orchestres réguliers d'autre part, obligea à convenir d'un mode d'accord, amorce du futur diapason. Les « clefs » alphabétiques commençant par la lettre A (la), on convint généralement de prendre le la comme référence, mais on ne disposait d'aucun moyen de le codifier objectivement. C'est pourquoi l'usage commun établi par convention tacite ne fut pas celui d'une hauteur définie mais d'une zone commune plus ou moins large dans laquelle se situait le son de référence, le la (A) de l'octave moyenne, qu'on appellera plus tard le la 3.
Ainsi s'explique le paradoxe de deux données apparemment contradictoires : d'une part, que l'on puisse avec raison parler de l'« évolution du diapason » du xviie siècle à nos jours, en y relevant un phénomène aussi constant que sa « montée » progressive ; d'autre part, que l'on puisse avec tout autant de raison observer que, jusqu'au milieu du xixe siècle, il n'y avait pas deux diapasons identiques, le la variant non seulement d'un pays ou d'une ville à l'autre, mais encore, dans la même ville, d'une formation à une autre. C'est ainsi qu'à Versailles, au xviiie siècle, nous savons par un diapason conservé, à double graduation, qu'il y avait environ un demi-ton d'écart entre le « ton de la chapelle » (le plus haut) et le « ton de l'opéra ».
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Écrit par
- Jacques CHAILLEY : ancien directeur de l'Institut de musicologie de l'université de Paris
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